Photos Eiffel @ Le Zénith 2010
Ce fut une soirée mémorable pour les fans d’Eiffel. Non pas parce que Bertrand Cantat s’est invité à la fête mais parce que les Bordelais ont délivré un concert de 2h30 avec un rappel joué en acoustique au coeur du public. Retour sur un concert généreux donné le 15 octobre dernier au Zénith de Paris !
Après une première partie anecdotique de Julien Pras et une prestation enlevée de Stuck in the Sound, le Zénith est bien assez chaud pour recevoir Romain Humeau et sa bande qui présentent ce soir leur nouvel opus A tout moment. La salle patiente en écoutant les Kills. A 21h30, la scène s’éteint et le public reste éclairé par des projecteurs. Une intro étrange envahit alors la salle avec un mix de musique de chambre, de voix de Salvador Dali, de chansons de l’ancien temps… un collage sonore dadaïste qui interpelle.
Les Bordelais cultivent leur différence
Un saxophoniste fait son entrée sur scène suivi de près par Eiffel. Le groupe délivre la reprise des Beatles Tomorrow Never Knows dans une version très chamanique. Ce n’est pas commun de commencer un concert par une reprise mais les Bordelais cultivent leur différence d’entrée de jeu. Romain Humeau s’empare ensuite d’une guitare acoustique pour jouer Minouche avec ses camarades. Arrivée à la basse, son âme soeur passe aux claviers. Les lumières rouges clignotent. L’ambiance est électrique.
Eiffel poursuit l’exploration de son nouvel opus avec Le Coeur Australie, une cavalcade rock sur laquelle Romain apparaît totalement habité. Le frontman ne tient pas en place, soutenu par un batteur bien droit derrière ses fûts et un guitariste bien énervé. Il s’empare ensuite d’une guitare électrique pour livrer Il pleut des cordes, extrait du deuxième album Le ¼ d’heure des ahuris. Ce morceau sous tension bénéficie d’un débit vocal soutenu, de paroles habiles et déroutantes (« Je suis un arbre »). Les projecteurs s’affolent sur scène. Le public remue en choeur.
Sans ménagement, Eiffel enchaîne sur le beat de Saoul sur lequel le groupe alterne calme et furie. Romain en profite pour glisser quelques phrases tirées de Billie Jean de Michael Jackson. La réponse du public est immédiate. « Vous êtes presque en train de prouver que Paris est meilleur que la Province. Vous êtes complètement tarés » lâche-t-il sur un break. Le morceau s’achève ensuite dans des hurlements de guitares.
« Et le temps que l’on fragmente en 2010 soucis »
Après Ma Part d’Ombre, accueilli chaudement par la salle et sur lequel Romain braille de toutes ses forces, Eiffel lance le beat de Tu vois loin. A cette occasion, le chanteur remplace la strophe « Et le temps que l’on fragmente en 2002 soucis » par « Et le temps que l’on fragmente en 2010 soucis ». La chanson maintient l’ambiance dans le Zénith. Romain repasse ensuite à la guitare acoustique pour jouer le planant Mort J’appelle.
L’accalmie n’est que de courte durée. Eiffel enfonce le clou avec A tout moment la rue. Sur des enchaînements d’accords infinis, le chanteur peut lâcher ses envolées vocales en toute liberté. Le public participe de bon coeur sur le refrain « A tout moment la rue peut aussi dire non », paroles d’actualité en cette période de contestation sociale. Romain descend au niveau des premiers rangs pour mettre encore plus le feu.
Après ce grand moment, le concert se poursuit avec le rock lourd de Sous ton aile, le crescendo Je m’obstine et l’apocalyptique Bigger than the Biggest sur lesquels on assiste à l’arrivée d’un banjo puis d’un violon. L’incendie se propage avec Dispersés, Nous sommes du hasard et Inverse-moi… Les poings levés dans la fosse, le public accueille avec joie Sombre, une chanson au riff bien rock distordu qui transperce les tympans. Sur ce titre, Romain et son guitariste se livrent un duel de solos de guitares épique. Emportés par le son, le guitariste achève le morceau en faisant tournoyer son instrument et le batteur se lâche. Il est 23h10 et Eiffel lève le camp.
Dans l’obscurité, Eiffel se place au milieu de la fosse
Pas pour longtemps… Le Zénith scande le nom du groupe. Romain intervient : « On va faire un petit truc. Faut que vous vous asseyez. On va faire une nouvelle chanson dédiée aux gens disparus cette année. Ca s’appelle Chamade ». Dans l’obscurité, la formation se place au milieu de la fosse autour d’un micro et joue ce nouveau titre debout. Le public joue le jeu et reste assis. L’image est belle… L’expérience se poursuit avec Les Yeux Fermés. A la fin de la chanson, Eiffel regagne la scène pour remettre la gomme.
Après Ma nébuleuse mélancolique, le groupe livre l’incandescent Clash. Même avec deux heures de concert dans les pattes, Romain est toujours au taquet. Il se tortille derrière son micro sur Ma Blonde avant d’annoncer que le groupe a encore trois morceaux. « Y’en a qui sont pas fatigués ! » ajoute-il. Le groupe s’attaque alors à la reprise des Pixies Where Is My Mind? sur laquelle le public assure les choeurs. « Notre nom vient d’eux » rappelle Romain avant que sa formation ne s’engage dans Hype, extrait de son premier opus. Le frontman fait encore référence aux Pixies en chantant les paroles « I’ve got a broken face » sur la montée implacable de ce morceau.
A 23h50, Eiffel fait à nouveau ses adieux mais le public n’a pas envie d’aller se coucher. Romain et ses copains reviennent donc une nouvelle fois. Le chanteur remercie Julien Pras, Stuck in the Sound et toute l’équipe. Il interprète ensuite le texte de Boris Vian Je voudrais pas crever qui sonne la fin du concert. Romain lève les bras, salue longuement le public et s’en va. Devant l’insistance des fans, il revient quelques instants pour saluer à nouveau, mettant ainsi fin à un show de près de 2h30. Impérial !
LA SET LIST COMPLÈTE :
TOMORROW NEVER KNOWS (THE BEATLES)
MINOUCHE
LE COEUR AUSTRALIE
IL PLEUT DES CORDES
SAOUL
MA PART D’OMBRE
TU VOIS LOIN
MORT J’APPELLE
A TOUT MOMENT LA RUE
SOUS TON AILE
JE M’OBSTINE
BIGGER THAN THE BIGGEST
DISPERSES
NOUS SOMMES DU HASARD
INVERSE-MOI
SOMBRE
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CHAMADE
LES YEUX FERMES
MA NEBULEUSE MELANCOLIQUE
CLASH
MA BLONDE
WHERE IS MY MIND (PIXIES)
HYPE
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JE VOUDRAIS PAS CREVER (BORIS VIAN)