Back in Time : le jour où Elliott Smith nous a quittés
Il y a des jours mémorables dans l’histoire du rock et Pixbear vous les fait (re)découvrir. Le 21 octobre 2003, Elliott Smith nous quittait à l’âge de 34 ans des suites de deux coups de couteaux portés dans la poitrine. Retour sur le décès de cet artiste torturé qui reste encore aujourd’hui bien mystérieux…
Le 18 avril 2000, Elliott Smith sort son cinquième album Figure 8. Il ne le sait pas encore mais ce disque sera son dernier. L’artiste assure ensuite une tournée et développe une addiction à l’héroïne.
Paranoïa
Elliott Smith devient alors paranoïaque. Il pense qu’un van blanc le suit partout où il va et que son label DreamWorks en a après lui. « Il n’y a pas longtemps, ma maison a été cambriolée, et des chansons ont été volées sur mon ordinateur, qui se sont retrouvées entre les mains de certaines personnes qui travaillent pour un certain label » raconte-t-il. « J’ai également été suivi pendant des mois. Je ne voudrais même pas nécessairement dire que ce sont les gens de ce label qui me suivent, mais ce sont probablement eux qui sont entrés par effraction chez moi. ».
Enregistrements avortés et descente aux enfers
Après plusieurs tentatives pour enregistrer un nouvel opus, Elliott Smith se met véritablement au travail début 2001 en compagnie de son ami et producteur Jon Brion mais cette amitié vole en éclat en cours de route. L’album est abandonné à mi-chemin. Lorsque DreamWorks reçoit la note de Jon Brion pour ces sessions avortées, le label organise une rencontre avec Elliott Smith pour obtenir des explications. L’artiste se plaint du manque de promotion de Figure 8 et demande finalement à sa maison de disques de le libérer de son contrat en menaçant de se suicider en cas de refus.
En mai 2001, Elliott Smith décide de ré-enregistrer seul les chansons qu’il avait abandonnées. David McConnell (Goldenboy), qui l’accompagne dans ce projet, raconte que le songwriter fume des quantités déraisonnables de crack et d’héroïne (1500 dollars par jour) et qu’il est suicidaire. Malgré son état de santé, Elliott Smith donne quelques concerts entre 2001 et 2002 mais ses prestations sont chaotiques et gangrénées par des pertes de mémoire.
Le 25 novembre 2002, Elliott Smith et sa petite amie Jennifer Chiba sont arrêtés par la police de Los Angeles (Californie) après une bagarre survenue lors d’un concert des Flaming Lips et de Beck. Le couple passe la nuit en prison. « J’ai vu un gars qui avait perdu le contrôle de lui-même. Il était dans le besoin, il était grincheux, il était tout ce que vous ne voudriez pas d’une personne » témoigne Wayne Coyne (The Flaming Lips).
Désintoxication
Elliott Smith décide finalement de suivre une cure de désintoxication et entre au Neurotransmitter Restoration Center de Beverly Hills (Californie). Grâce à ce programme, il remonte sur scène avec succès les 31 janvier et 1er février 2003 au Henry Fonda Theater d’Hollywood (Californie). Le 6 août 2003, à l’occasion de son anniversaire, il décide d’arrêter de boire de l’alcool. Le 29 septembre 2003, Elliott Smith se produit à l’Université de l’Utah à Salt Lake City. Il finit son set par la reprise des Beatles Long, Long, Long, issu de leur album blanc (1968). Ce sera son dernier concert.
Journée fatale
Le 21 octobre 2003, Elliott Smith se trouve dans sa maison à Echo Park (Californie). D’après les déclarations Jennifer Chiba, le couple s’est disputé. Alors qu’elle prend une douche enfermée dans la salle de bain, elle entend des cris. Elle ouvre la porte et découvre Elliott Smith debout avec un couteau planté dans la poitrine. Elle lui enlève le couteau et il s’effondre au sol. A 12h18, elle appelle les secours. Le songwriter est transporté à l’hôpital où il ne peut pas être réanimé. Il décède officiellement à 13h36.
Suicide ou meurtre ?
Une autopsie a lieu en décembre 2003 et soulève des questions. Aucune trace de substances illégales ou d’alcool n’est découverte dans le corps d’Elliott Smith. Des antidépresseurs et des anxiolytiques sont présents à des niveaux correspondant à des prescriptions médicales. Le corps ne porte aucune blessures d’hésitation, des blessures que l’on retrouve généralement sur une victime de suicide de ce genre. Des petites blessures sur ses mains et des bleus sur son bras droit sont considérés comme des blessures de défense. Enfin, Elliott Smith a reçu deux coups de couteaux. Le premier coup porté a été mortel. Dans ce cas, comment a-t-il pu en porter un second ? De ce fait, le rapport d’autopsie ne peut formellement conclure à un suicide et la police de Los Angeles (Californie) laisse l’enquête ouverte.
Elliott Smith a-t-il été poignardé par Jennifer Chiba ou s’est-il suicidé ? Le mystère reste entier. Pour alimenter le doute, un autre point troublant existe. Au cours de l’enquête, les policiers découvre un post-it portant la mention « I’m so sorry—love, Elliot. God forgive me » (« Je suis tellement désolé, mon amour, Elliot. Que Dieu me pardonne »). Le prénom de l’artiste y est mal orthographié…
From a Basement on the Hill
Le 18 octobre 2004, le label ANTI- éditera l’album posthume From a Basement on the Hill réunissant des chansons enregistrées entre 2000 et 2003. Parallèlement, Jennifer Chiba attaquera en justice les ayant-droits d’Elliott Smith pour réclamer 15% des revenus générés par l’œuvre de son ex. Elle prétendra qu’il lui avait promis de subvenir à ses besoins jusqu’à la fin de sa vie…
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Publié le 21/10/2023