Photos Deftones @ Le Trianon 2010
Et si on s’offrait un concert de metal dans un endroit sélect ? Et si on s’offrait la rage des Deftones dans un décor très XIXème au milieu d’une ambiance de feu ? Vœux exaucés en ce lundi 13 décembre au Trianon où l’on a pu savourer leur prestation d’anthologie entre fureur et classe absolue. Un de ces concerts où l’on repart avec un grand sourire bluffé et la sensation d’un instant qu’on n’est pas prêt d’oublier.
Le 27 septembre 2003, Deftones remplissait Bercy. Le 15 mai 2010, les Californiens remplissaient la Boule Noire. Voilà. Tout est dit et fait froid dans le dos. En moins de 10 ans, c’est tout un pan de la scène metal qui s’est effondré, vidé, siphonné. KoRn n’est plus qu’un fantôme sans inspiration, Limp Bizkit une peau morte, Linkin Park un quasi groupe d’electro mainstream, Slipknot un pantomime qui fait fausse route depuis son premier album. Pourtant, la flamme subsiste. Et dans ce chaos, Deftones a toujours été un groupe à part. Plus classe, plus brillant, plus intelligent. Surpuissant ou tout en expérimentations subtiles, chaque album de la formation a toujours réussi le tour de force de se renouveler par la subtilité de ses structures, par ses contrastes. Parce que Deftones, ça a toujours été une signature bien particulière aussi.
Chino s’emploie dès le départ comme un fou furieux
Alors, quand on va les voir en live au Trianon, on sait nécessairement à quoi s’attendre. On sait qu’on va en prendre plein les yeux. Parce qu’on sait que Chino Moreno est un animal inarrêtable capable d’électrocuter n’importe quel troupeau de brebis amorphes et léthargiques. Parce qu’on sait aussi que tous les fans présents sont de vrais suiveurs depuis les débuts. Alors, sur les coups de 20h45, pas étonnant que ça soit sous les vivas hystériques du public que Deftones débarque. Pas une seule âme dans la salle n’est venue sans la ferme intention de prendre son pied. Et à ce petit jeu, les Américains savent y faire. Ils savent mieux que quiconque faire jouir un auditoire.
Tout a commencé avec l’efficace (mais pas non plus sensationnel) Rocket Skates, l’un des titres les plus rentre-dedans du nouvcl album Diamond Eyes. D’emblée, on se rend bien compte que tout est en place. Sautant de part en part, multipliant les headbangings et occupant la scène en dégageant une énergie absolument colossale, Chino s’emploie dès le départ comme un fou furieux. On le sent parfois un peu fébrile sur la voix, mais rien de bien frappant. A la basse, Sergio Vega – remplaçant du convalescent Chi Cheng à qui est un peu dédiée cette soirée – s’applique à frapper ses cordes en cadence tandis que l’inénarrable Stephen Carpenter ne bronche pas d’un iota derrière sa touffe de cheveux et balance ses riffs assassins avec une facilité déconcertante.
On a envie de tout fracasser et de régler ses comptes avec son voisin à coups de pelle
Littéralement chauffés à blanc et décidés à mettre tout le monde KO dès le début, les Californiens nous gratifient dans cette première ligne droite d’un florilège de hits effusifs issus de l’album Around the Fur et du chef-d’oeuvre White Pony. L’éruption est lancée. Around the Fur place un sérieux taquet derrière la casquette grâce à son refrain garantie 100% adrénaline. Sortant les lumières rougeoyantes, l’épileptique et vénéneux My Own Summer (Shove It) ne manque pas lui non plus de faire couler la sueur en provoquant pogos et crowdsurfings enfiévrés. Puis, c’est l’heure de la brochette Knife Party, Elite, Korea et Digital Bath de prendre le relais. Le clou est enfoncé et le marteau avec.
Au bord de l’explosion pure et simple, la déflagration se répand dans tout le Trianon, notamment sur Elite. Elite est monumentale. Elite est colossale. Elite est surpuissante. Elite est tout bonnement géniale. Grimpé sur les crash barrières, Chino arrose les premiers rangs de sa voix maintenant parfaite et tapageuse tandis que les riffs saturés lacèrent à 3000 tours/minute. Pour être plus clair, au son de ce monument de rage, on a envie de tout fracasser et de régler ses comptes avec son voisin à coups de pelle. Envie de sombrer entre l’amour passion et la folie pure. On optera pour un peu des deux.
Deftones : un savoir-faire entre rage et volupté
Pourquoi Deftones est-il un groupe classe évoluant dans une autre dimension ? Tout simplement parce qu’ils sont l’un des rares groupes à savoir manier les contrastes avec une maîtrise absolue. Les Deftones ont un son discernable entre tous grâce à des techniques de jeu bien à eux. On les aime parce qu’ils sont brutaux, mais on les aime aussi parce qu’ils savent inculquer à tout moment une ambiance particulière coulée sur du velours. Illustrations de ce parfait savoir-faire entre rage et volupté, Diamond Eyes, CMND/CTRL, Beauty School et Prince donnent l’occasion d’allier dérapages furieux et émotions calmes et déliées. C’est véritablement là qu’on apprécie toute la profondeur du groupe. Génie qui culminera sur le sublime Passenger, sans Maynard James Keenan de Tool bien évidemment, mais avec une authenticité qui fait réellement plaisir à voir.
1h30 de concert. Chino, trempé de la tête aux pieds annonce la dernière chanson du set : Back To School. Véritable hymne deftonien multi-diffusé sur MTV à l’époque, ce titre signera l’apogée d’un show de haute volée. Du premier rang aux derniers sièges du second étage du théâtre, tout le monde chante, saute, pogote dans une débauche d’effervescence rarement atteinte à ce niveau. « Cause Back In School, We Are The Leaders of it all ». Oui, peut-être que les Deftones ne tournent plus dans les grandes salles du monde entier, mais dans nos cœurs, ils resteront toujours les leaders.
Fin ? Non, ce serait sans compter sur un petit rappel bien old-school de derrière les fagots. Après s’être changé sous peine de risquer la pneumonie, Chino nous claque 4 titres tirés d’Adrenaline, la toute première offrande du groupe qui avait laissé tout le monde sur le flanc. Puis, c’est au tour du décapant Engine N°9. Symbolique de toute la première époque Deftones, cette chanson aux riffs si caractéristiques déchaîne du fond de la salle une lame de fond qui s’abat sur la fosse. A l’écoute de 7 Words, on se surprend à redevenir le chien fou de quand on avait 15 ans. Suck, suck, suck, suck… Prends ça dans la gueule et tais-toi. Vindicatif et d’une animalité brute. Ce titre clôt le show, il est déjà l’heure de repartir. Avec une baffe dans la tronche et un sourire grand comme un soleil au milieu de la figure. Merci messieurs.
LA SET LIST COMPLÈTE :
ROCKET SKATES
AROUND THE FUR
MY OWN SUMMER (SHOVE IT)
BE QUIET AND DRIVE
KNIFE PARTY
ELITE
KOREA
DIGITAL BATH
DIAMOND EYES
CMND/CTRL
BEAUTY SCHOOL
PRINCE
YOU’VE SEEN THE BUTCHER
SEXTAPE
RISK
BLOODY CAPE
MINERVA
PASSENGER
CHANGE
BACK TO SCHOOL
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BIRTHMARK
ROOT
ENGINE N°9
7 WORDS
/// Textes : Oscar Kamerlain /// Crédit photos : © Joëlle Rasoarivelo ///
12 choses que vous ne saviez pas sur les Deftones
« Chi Cheng, le bassiste des Deftones, est tombé dans le coma en 2008 suite à un accident de voiture. Il est décédé en 2013. Oui, je sais ! C’est la base quand on suit la carrière des Deftones » hurlez-vous de rage derrière votre écran. Calmez-vous. Savez-vous vraiment tout sur la formation de Sacramento (Californie) ? Pour le savoir, Pixbear a rassemblé 12 anecdotes concernant les Deftones.