Photos Le Prince Miiaou @ Le Café de la Danse 2011
Après deux albums auto-produits, Maud-Elisa Mandeau, alias Le Prince Miiaou, a signé chez un label son troisième opus Fill the Blank with Your Own Emptiness en mars dernier. Pour le présenter au public parisien, la chanteuse et ses trois musiciens se produisaient au Café de la Danse.
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Avant d’accueillir Le Prince Miiaou, le Café de la Danse écoute une prestation du duo francilien Eléphant. Malgré des quintes de toux dues à une vilaine bronchite, la chanteuse et son guitariste, entourés d’un batteur et d’un violoncelliste, déroulent leur univers qu’ils présenteront prochainement en première partie de Benjamin Biolay. Le Café de la Danse apprécie mais on sent qu’il est venu voir et entendre Le Prince Miiaou.
« C’est la première fois que je peux employer le mot de salve d’applaudissements »
Son attente dure jusqu’à 20h55, heure à laquelle Maud-Elisa Mandeau et son trio de musiciens pointent le bout de leur nez. La chanteuse entame sa prestation par son nouveau single poignant et épique J’ai deux yeux. Sa guitare en bandoulière, elle tape sur des fûts et assure les choeurs avec son groupe. « Ca va pas mieux, le trac » lâche-t-elle à la fin du morceau. On la sent un peu fébrile et désorientée mais le public l’encourage avec des applaudissements nourris.
Sa Fender résonne. Des arpèges cristallins s’élèvent annonçant Be Silent, extrait de son nouvel opus. Elle chante en anglais. Le morceau monte en intensité et Le Prince Miiaou finit par se lâcher sur les accords de guitare. Cette fièvre rock est contagieuse. La chanteuse pousse sa voix baignée d’écho. Les spectateurs lui réservent une première ovation. « Merci. C’est la première fois que je peux employer le mot de salve d’applaudissements » lance-t-elle au public.
« J’ai décidé de ne plus faire dans l’entertainment »
Sur I Don’t Know My Name, la chanteuse commence seule à la guitare avec une lumière qui l’éclaire au dessus de la tête. Sa voix est vraiment belle. Le groupe rentre finalement pour partir sur des terrains plus torturés. Le son est particulièrement bon. La tension est parfaitement maîtrisée et la chanteuse place quelques solos hystériques et noisy. « J’ai décidé de ne plus faire dans l’entertainment. Sifflez si vous voulez » lance-t-elle pour introduire I Love Nobody. L’énergie rock et groove dégagée par le morceau est imparable. D’un petit panier accroché à son micro, elle sort une mini maracas avant de faire rugir les guitares. Les notes s’entrechoquent. Le gang des Fender est en action. « I Love Nobody » répète-t-elle mais « Nous, on t’aime » semble exprimer le Café de la Danse.
« Je vous sens pas très motivé. C’est peut-être parce que vous êtes assis. Ça serait bien de danser sur celui-là. Je vais me déguiser. Est-ce que y’a des gens qui sont venus déguisés. Montez sur scène, je ne veux pas être la seule ridicule » lance-t-elle. Elle enfile une cape rouge et visse des lunettes de ski sur sa tempe pour interpréter Football Team, extrait de l’album Safety First. Le bassiste passe au violoncelle. La fosse bouge la tête. Les gradins restent stoïques. Quelques confettis lancés par la chanteuse provoquent des cris mais le Café de la Danse reste relativement calme. Le Prince Miiaou finit avec ses lunettes de ski sur les yeux. La totale look…
Comme traversée par un courant de 220 volts, Le Prince Miiaou lâche ses solos
« Merci, ça va ? J’ai rien à dire ce soir alors je vais jouer » dit-elle pour introduire Hollow Hero qui commence par des claquements de doigts. Le Prince Miiaou prend une basse pour ce morceau. Le guitariste est aux claviers. Elle reprend la guitare pour distiller No Compasion Available sur lequel elle nous fait découvrir son corps. Ce spoken word anatomique et surréaliste sur fond de musique post rock dégage une certaine détresse. On sent que la chanteuse vit sa musique et qu’elle ne triche pas. C’est poignant et intense.
Le Prince Miiaou enchaîne avec Fill the Blank with You Own Emptiness qu’elle entame seule à la guitare. Il n’y a pas un bruit dans le Café de la Danse. Le public est comme hypnotisé. L’hypnose prend fin lorsque tout le groupe entre en scène et scotche l’auditoire au mur. Le quatuor lâche le gros son. Cette chanson reçoit tous les suffrages. L’ovation s’impose. « Merci. J’arrête l’entertainment. Est-ce que vous avez chanté ? Non, personne a chanté. OK, je vais vous faire de la flûte à bec ». Ça commence alors comme une mauvaise bande originale de Titanic et ça mute en un Turn Me Off bien barré. Une ambiance rétro pop 80’s dansante s’installe. Le Café de la Danse tape dans les mains avant de s’envoler sur une phase plus aérienne qui débouche finalement sur un pétage de plomb. Comme traversée par un courant de 220 volts, Le Prince Miiaou lâche ses solos.
« De tout façon, on a joué tous les tubes donc les rappels, on s’en fout »
Après cette électrocution généralisée, la chanteuse annonce déjà la fin du concert. « On va faire un dernier morceau… Mes musiciens me mettent des vents de regards ce soir » lance-t-elle alors qu’elle les cherche du regard. Mais, pas rancunière, Maud les présente quand même avant de livrer We Both Well. Cette chanson s’achève par un final noisy sur lequel Le Prince Miiaou fait larsener sa guitare, la tête de son instrument contre le sol. On sent qu’elle aime la guitare lorsqu’elle repart de plus bel dans des solos épileptiques. Suite à cette dernière estocades noisy, les applaudissements se prolongent. Elle enregistre un arpège et le diffuse en boucle avant de quitter la scène.
Le Café de la Danse hurle et Le Prince Miiaou revient seule. Le groupe Sayem doit se produire ensuite. Pas question d’empiéter sur son horaire de passage. « Merci. En fait, j’ai prévu de faire un truc. Je suis à peu près sûr que je vais me viander. De tout façon, on a joué tous les tubes donc les rappels, on s’en fout. Je vais vous jouer une chanson de Françoise Hardy ». La chanteuse livre sa version minimaliste et sensible de Tous les garçons et les filles, un joli lifting à ce classique de la pop française. « C’est un morceau qu’on n’a pas fait depuis 1978. Frénésie Horizontales ou Hawaii Tree ? ». Le public semble préférer le second titre. « Vous dites ça parce que vous connaissez pas le premier » lance-t-elle. « Bon, on fait quoi ? Super organisé Le Prince Miiaou ! ».
Le Café de la Danse est prisonnier des griffes du Prince Miiaou
Le Prince Miiaou livre finalement Frénésie Horizontales, spoken word sombre, lunaire et hypnotique qui finit dans une ambiance rock écorché. Ce petit bout de femme envoie du lourd. Le Café de la Danse est prisonnier des griffes du Prince Miiaou. Après cette ultime chanson, le quatuor se place en ligne et salue la salle. Maud a le sourire aux lèvres et fait un petit coucou de la main avant de partir en coulisses. Le public en veut encore mais ce sera tout pour ce soir.
70 minutes de concert auront suffit à nous convaincre du réel potentiel du Prince Miiaou. On l’avait vue seule en scène au cours du festival Les Femmes s’en mêlent il y a deux ans. La chanteuse a fait énormément de progrès. Son répertoire s’est étoffé. Et, même si on la sent encore un peu mal à l’aise sur scène, son talent ne fait aucun doute. Une artiste à ne pas manquer sur les festivals cet été. Elle sera notamment de passage aux Francofolies de La Rochelle le 15 juillet. A voir absolument.
LA SET LIST COMPLÈTE :
J’AI DEUX YEUX
BE SILENT
I DON’T KNOW MY NAME
I LOVE NOBODY
FOOTBALL TEAM
HOLLOW HERO
NO COMPASSION AVAILABLE
FILL THE BLANK WITH YOUR OWN EMPTINESS
TURN ME OFF
WE BOTH WAIT
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TOUS LES GARÇONS ET LES FILLES (FRANÇOISE HARDY)
FRENESIE HORIZONTALES