Décès de Gil Scott-Heron à 62 ans
Gil Scott-Heron s’est éteint vendredi dernier à l’Hôpital St. Luke de New York. Cet auteur-compositeur et poète, dont l’influence s’étend au R&B, au spoken word, au hip hop et bien au-delà, était âgé de 62 ans. R.I.P.
Il y a quelques mois, Gil Scott-Heron avait sorti l’album We’re New Here, une collaboration avec Jamie xx (The XX), qui faisait suite à son grand retour discographique I’m New Here paru en 2010 chez XL Recordings. Ce disque marquait la fin de plus de quinze années de silence dues en partie à son incarcération entre 2002 et 2007 pour possession de cocaïne.
« Gil n’était pas parfait dans sa propre vie. Mais personne ne l’est »
Les raisons de son décès ne sont pas claires mais la BBC avance que Gil Scott-Heron était malade depuis son retour d’un voyage en Europe. On sait aussi que le Godfather of Rap ou le Black Bob Dylan, comme il était surnommé, était séropositif et avait été hospitalisé il y a quelques années pour soigner une pneumonie. A l’annonce de sa mort, le patron du label XL Recordings, Richard Russel, a posté l’hommage suivant qui résume assez bien l’impact de l’artiste sur ceux qui ont travaillé avec lui et ceux qui appréciaient sa musique :
« La dernière conversation que j’ai eue avec Gil Scott-Heron remonte au 19 mars 2011. Il m’a téléphoné un samedi, le lendemain de mon anniversaire, j’ai répondu à son appel tout en naviguant dans la librairie Foyles à Londres. Nous avons parlé pendant une heure. Une conversation comme celle-ci avec Gil a été un cadeau. Il était en quelque sorte une figure de père pour moi, et j’ai appris énormément de lui. Gil n’était pas parfait dans sa propre vie. Mais personne ne l’est. Et il ne jugeait personne.
« Gil évitait tous les pièges de la célébrité et du succès. Il aurait pu avoir toutes ces choses. Mais il était plus grand que cela »
Il avait une intelligence vive et un sens de la formule qui était intouchable, un incroyable sens de l’humour et une douceur et une humanité qui lui étaient propres. Gil évitait tous les pièges de la célébrité et du succès. Il aurait pu avoir toutes ces choses. Mais il était plus grand que cela. Il semblait tout à fait indifférent à l’argent. A ma connaissance, il n’a jamais accepté une récompense. Il a toujours voulu que d’autres obtiennent du crédit pour leur travail. Il est le seul artiste avec qui j’ai jamais travaillé qui demandait à ce que la photo de l’ingénieur du son soit autant mise en avant que la sienne sur son site internet. (Lawson White, qui a réalisé I’m New Here, a partagé de nombreux moments incroyables avec moi et Gil.)
« Il canalisait quelque chose dont les gens ont tiré des avantages énormes »
Gil m’a apporté énormément, comme il l’a fait à tant de gens. Son talent était immense. C’était un maître parolier, chanteur, orateur et joueur de claviers. Son esprit était immense. Il canalisait quelque chose dont les gens ont tiré des avantages énormes. Il a été incroyablement généreux dans la façon dont il s’est occupé de moi, m’encourageant à écrire et à produire avec lui et à retrouver ma propre créativité à travers lui. Il n’a jamais remis en question ma capacité à faire ces choses, même quand je l’ai fait moi-même. J’ai partagé quelques-unes des meilleures expériences de ma vie avec Gil, et je me sens privilégié de l’avoir connu.
Dans cette dernière conversation que nous avions, il m’a conseillé de ne pas changer qui j’étais juste parce que j’en avais l’occasion. Avec ça, j’ai passé le reste de la journée à chiner des vinyles. Repose en paix Gil. »
Publié le 30/05/2011