Photos Staind @ La Cigale 2011
C’était à la fin des années 90, tu avais 17 ans et tu vivais tes premiers émois musicaux en écoutant tes nouvelles idoles de la vague néo métal. Tu découvrais Staind, Incubus, Limp Bizkit, Disturbed, 3 Doors Down et autres Korn. Tu te sentais surpuissant et croyais que le monde entier t’appartenait. Puis, 15 années se sont écoulées, tes tempes ont grisonné. Et pourtant, tes premières amours te sont restées fidèles. Bienvenue au concert de Staind à la Cigale.
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C’est un fait établi et validé par la Fédération Française des Publics de Concerts (FFPC) : on n’a jamais compté autant de chauves dans une assistance que ce soir pour Staind. Hommage ou non au crâne luisant d’Aaron Lewis, il flotte dans cette Cigale comme un air de nostalgie. Les trentenaires présents ont tous comme inscrit dans leur regard le souvenir d’une époque révolue. C’est pour revivre cette émotion qu’ils sont venus ce soir en masse pour voir leurs idoles de passage à Paris pour ce qui restera leur seule et unique escale en France pour soutenir leur nouvelle et plutôt solide livraison éponyme. Alors, autant dire qu’ils n’avaient pas intérêt à décevoir.
S’il nous restait encore un doute, Staind est encore un groupe de metal
Qu’on se rassure. Si les années passent et le temps change, s’il y a une chose qui ne bronche pas d’un iota, c’est bien Staind. Dès son arrivée sur scène à 21h tapantes, on retrouve strictement les mêmes ingrédients qui font et ont fait le charme du groupe. La même patte. La même signature. Dès Spleen et Falling, on retrouve les Américains là où on les avait laissés.
La casquette est toujours résolument vissée sur le crâne d’Aaron Lewis, fier comme un camionneur prêt à en découdre. Le t-shirt de l’Université fièrement bombé. Toujours le même mix entre growl et voix claire, toujours ses grattes sèches émotives entrecoupées de gross riffs qui bucheronnent généreusement la gueule. C’est définitif. S’il nous restait encore un doute, on peut l’évacuer par les waters, Staind est encore un groupe de métal. La preuve : Aaron Lewis crache et éclate un glaire sur le côté. La victoire est proche.
Un va-et-vient constant entre dureté et sensibilité
N’en déplaise au guitariste campé sur son instrument ou au bassiste totalement transparent, le miracle permanent de Staind tient en grande partie à un élément presque surnaturel : la voix d’Aaron Lewis. Derrière ses airs de repris de justice, le bougre sait mieux que quiconque manier chant clair de beau gosse et growl arraché au whisky-Banga. Il sait émouvoir et toucher en plein coeur avec une émotion qui déraille très vite en colère. Du coup, il en résulte un va-et-vient constant entre dureté et sensibilité. C’est clairement sur cette tension qu’est construit le show et toute la musique de Staind.
Chaque plage de gratte sèche (So Far Away) répond à un morceau plus couillu, histoire de nous désaxer la charnière (Paper Wings). Et un même morceau – citons par exemple les nouveaux Eyes Wide Open ou Not Again – peut tantôt brandir le muscle et la sueur tantôt faire preuve d’une empathie irréprochable. C’est pourquoi Outside alterne violence et douceur avec tant de maîtrise. C’est pourquoi aussi le hit It’s Been A While n’a rien perdu de son éclat 10 ans après. Oui, les adolescents ont peut-être changé. Oui, les rides se sont doucement creusées, mais le morceau diffuse toujours sa magie.
« Nique ta mère »
Côté ambiance, notons que le public, d’abord clairement sur la réserve et clairsemé, a fini par vraiment se prêter au jeu et retrouver le Staind qu’il aime et aimait tant autrefois. Fragile et colossal à la fois. Même Aaron Lewis, connu pour être assez peu communicatif face à son public, finira par lâcher son pied de micro et donner un peu de sa personne en se défoulant frénétiquement à la Chino Moreno, hurlant même un sérieux et improbable « nique ta mère » (en français dans le texte) alors que personne ne s’y attendait.
Bref, la fête ne pouvait qu’être complète. Surtout lorsque la cérémonie se termine par le très solennel Something to Remind You. Un moment d’apesanteur pour un concert qui a su tenir toutes ses promesses.
LA SET LIST COMPLÈTE :
SPLEEN
FALLING
RIGHT HERE
EYES WIDE OPEN
FADE
CRAWL
FAILING
SO FAR AWAY
JUST GO
THROW IT ALL AWAY
FOR YOU
PAPER WINGS
OUTSIDE
NOT AGAIN
IT’S BEEN A WHILE
MUDSHOVEL
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SOMETHING TO REMIND YOU