Photos Against Me! @ La Maroquinerie 2011
Sans véritable album depuis White Crosses, paru l’année dernière, mais avec Total Clarity, une nouvelle galette de 15 démos enregistrées en 2005 pendant la session de Searching For a Former Clarity, Against Me! a néanmoins entamé cet automne une tournée européenne en forme de bilan d’une bonne décennie d’existence. Leur passage à Paris étant prévu à La Maroquinerie, l’occasion était trop belle de vérifier ce que les anarcho–punks de Tom Gabel avaient (encore) dans le ventre, et de voir si leurs fans de la première heure leur avaient (enfin) pardonné d’avoir un jour osé signer pour la filiale d’une major, à l’époque de New Wave (2008).
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
La soirée s’annonce sacrément bruyante à La Maroquinerie avec, outre Against Me!, deux autres formations qui ne demandent qu’à emboîter le pas de leurs glorieux prédécesseurs de la vague néo-punk. Il y a tout d’abord Crazy Arm, le combo britannique qui accompagne Against Me! durant toute leur tournée européenne actuelle, et puis il y a Daria, un jeune groupe français qui a choisi l’Anglais comme langue principale, et les guitares saturées comme moyen d’expression.
Daria & Crazy Arm ouvrent le bal
Il est 19h, et c’est maintenant à Daria d’ouvrir le bal, malheureusement devant une toute petite poignée de spectateurs. La faute à l’heure précoce de leur programmation, mais surtout aux trombes d’eau qui s’abattent sur la Capitale, perturbant cette fin d’après-midi. Mais peu importe, les Angevins sont prêts à relever le défi. Des guitares acérées, une batterie bien présente et bien lourde, mais surtout des refrains diablement efficaces qui vous trottent immanquablement dans la tête. La recette, façon Foo Fighters, fonctionne à merveille, et la voix bien posée de Camille fait le reste pendant les 45 minutes d’un set parfaitement maîtrisé qui se termine par Definitive Time, un titre du prochain album de Daria prévu pour janvier 2012. Bonne surprise, et donc, histoire à suivre.
On passe tout de suite dans la catégorie supérieure avec Crazy Arm, venu défendre bec et ongles son dernier opus, Union City Breath, sorti en cour d’année. Tout de noir vêtus, les Anglais de Plymouth ont l’air de respecter un dress code classieux, bien établi et de bon ton. Mais dès que les micros sont ouverts, les gentils garçons se métamorphosent en diablotins sautillants et querelleurs. Ça joue fort, mais ça joue bien, même si la voix de Darren Johns disparaît parfois sous des nappes de guitares qui se recouvrent les unes les autres. Un punk rock ravageur, subtilement teinté de folk, qui met finalement tout le monde d’accord avant l’arrivée d’Against Me!.
Un joyeux bordel diablement communicatif
La Maroquinerie est maintenant quasiment pleine, et l’on remarque que les presque trentenaires sont en majorité sagement installés sur les petites marches qui dominent la fosse, entièrement accaparée maintenant par les plus jeunes fans d’Against Me!, bien décidés à transformer leur terrain de jeu favori en véritable champ de bataille. Et l’occasion leur en est donnée pas plus tard que tout de suite, car le groupe de Floride a enfin débarqué sur scène, tandis que les fans hurlent déjà les titres du groupe qu’ils veulent entendre ce soir (I Was A Teenage Anarchist étant sans grande surprise celui qui revient le plus souvent).
Et ça commence tambour battant avec I Still Love You Julie qui donne sauvagement le ton. Un son de guitare bien criard, une batterie qui s’ébranle lourdement, et enfin la libération du rythme par l’entrée en lice de la voix de Tom Gabel, qui assène ses paroles comme autant de coups de couteau. On y est, et Against Me! n’a eu besoin que de trois mesures pour que l’on s’en rende bien compte. Les fans exultent, et un pogo spontané ravage soudain la fosse, qui reprend à l’unisson le texte entier du morceau. En vérité, un joyeux bordel, mais diablement communicatif, car sans agressivité.
Avec pour seul arme une batterie, une basse, une guitare, et une sacrée dose d’adrénaline
Tout le monde se lâche, tout le monde s’amuse, et le groupe et son public (si proche dans ce genre de salle, ce qui facilite grandement les choses) ne font désormais plus qu’un. Finis les contentieux larvés d’un public qui reprochait au groupe d’avoir vendu son âme au Diable en signant avec Sire Record, filiale de Warner, envolés les préjugés parfois condescendants sur la valeur intrinsèque des titres de White Crosses, dernier album en date, souvent jugé inférieur à ses prédécesseurs. Place au live maintenant, à l’énergie brutale, à la débauche de son, de gros son.
Car Tom Gabel n’en a pas fini avec ses fans, qu’il semble tenir à bout de bras. Les guitares ne se sont pas encore tout à fait tues que la batterie massive de George Rebelo annonce le titre suivant, Cliché Guevarra, qui, comme I Still Love You Julie, remporte l’adhésion immédiate d’un public en transe. On est bien face à ce que le punk peut donner de meilleur, d’aussi dionysiaque que d’épuré, avec pour seul arme une batterie, une basse, une guitare, et une sacrée dose d’adrénaline.
La Maroquinerie semble au bord de l’explosion
Tom Gabel est à son maximum, et son groupe, comme le public, le suit aveuglément. Les titres s’enchaînent à une cadence infernale, et la Maroquinerie semble au bord de l’explosion. Les fans les plus téméraires sont transportés par-dessus la fosse qui ne forme plus qu’un unique organisme mouvant parcouru d’ondes expiatoires et vociférantes, et Tom semble maintenant au bord de l’extinction de voix. Heureusement, il profite de la relative accalmie d’Americans Abroad, tiré de New Wave, pour se refaire une santé.
Mais ça repart de plus belle avec Rice And Bread, un des titres parmi les plus engagés politiquement d’Against Me!. Les Américains reviennent en dernière partie de concert sur des morceaux qui ont fait leur réputation de troublions irréductibles. Tirés d’As The Eternal Cowboy, sorti en 2003, Pints Of Guinness Make You Strong et You Look Like I Need A Drink déchaînent une furia monstre dans une Maroquinerie qui ne se reconnaît plus.
On a finalement eu un raz-de-marée sur la Maroquinerie
Une petite pause bien méritée, et Against Me! revient avec une cover des Clash (Janie Jones, qui n’était pas prévue sur la feuille de route initiale), ce qui a le mérite de repositionner le groupe, surtout vis à vis des fans les plus jeunes, dans l’histoire du rock en général, et du punk en particulier.
Une setlist imparable, une énergie intacte, il n’a pas fallu plus d’1h15 à Against Me! pour prouver à tous que le groupe était loin d’être fini, et que l’envie d’en découdre habitait encore chacun de ses membres au moins autant qu’à l’époque à laquelle ils se sont fait connaître, au détour du siècle. Et avec ça ils ont trouvé un public renouvelé, très jeune, et désormais prêt à les suivre dans de prochaines aventures. On attendait de la pluie sur la capitale, on a finalement eu un raz-de-marée sur la Maroquinerie.
LA SET LIST COMPLÈTE :
I STILL LOVE YOU JULIE
CLICHE GUEVARA
WHITE PEOPLE FOR PEACE
I WAS A TEENAGE ANARCHIST
NEW WAVE
WALKING IS STILL HONEST
DON’T LOSE TOUCH
HIGH PRESSURE LOW
WHITE CROSSES
RUSSIAN SPIES
PINTS OF GUINNESS MAKE YOU STRONG
AMERICANS ABROAD
RICE AND BREAD
REINVENTING AXL ROSE
YOU LOOK LIKE I NEED A DRINK
:::
JANIE JONES (THE CLASH COVER)
CLAPPING HANDS
T.S.R.
BECAUSE OF THE SHAME
THRASH UNREAL
SINK, FLORIDA, SINK