Photos Lou Reed @ L’Olympia 2012
Six mois après la sortie dans les bacs du remarqué Lulu, album finalement très personnel, qui consacrait son étonnante rencontre avec Metallica, Lou Reed, le légitime parrain de tous les héritiers du Velvet Underground, était de retour sur une scène parisienne lors d’un concert unique à l’Olympia, fatalement archi-complet. Revenant en un peu moins de 2 heures sur plus de 40 ans d’une carrière hors norme, l’enfant terrible de l’Histoire du rock a régalé ses fans, réalisant la synthèse parfaite entre ses plus récentes compositions et les emblématiques chefs-d’œuvres de ses débuts au sein du Velvet.
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En cette soirée de France – Angleterre comptant pour l’Euro 2012 de football, les amoureux de rock’n’roll pur et dur n’ont pas hésité bien longtemps, et ils se sont tous donnés rendez-vous ici, sous le fronton mythique de l’Olympia qui annonce ce soir, en lettres flamboyantes, la venue d’une icône entre les icône : LOU REED.
Tel un boxeur à son entrée sur le ring, il lève les bras au ciel, les poings réunis au-dessus de sa tête
Mais l’heure du grand rendez-vous a maintenant sonné, et, à 21h30 précises, le groupe de Lou Reed fait enfin son apparition, sous les acclamations d’un Olympia déjà retourné par la seule présence sur scène de la légende vivante que le New-Yorkais représente pour trois générations au moins de rockeurs irréductibles. A désormais 70 ans passés, le musicien n’a plus grand chose à prouver, mais l’homme, lui, savoure l’instant, sans fausse modestie. Tel un boxeur à son entrée sur le ring, il lève les bras au ciel, les poings réunis au-dessus de sa tête, tandis qu’un rictus d’autosatisfaction parcoure subrepticement les traits marqués de son visage de vieil indien. Le ton est donné.
L’intro, à la guitare sèche, est celle de Brandenburg Gate, qui ouvre également Lulu, le dernier projet en date de Lou. Sa voix est pleine et profonde, et son parlé – chanté caractéristique emplit l’Olympia sous les sifflets approbateurs qui fusent. Mais pas le temps de se remettre de ses émotions car, sur un signe de leur leader, les musiciens qui l’accompagnent entrent dans la danse, pour un sombre maelström de guitares pesamment saturées. Le public s’embrase, mais ce n’est rien en comparaison de sa réaction lorsque Lou Reed enchaîne sur le titre suivant. Un seul mot lui suffit pour déclencher l’hystérie dans la salle : le fameux « I » du vers « I don’t know just where I’m going… », porte d’entrée d’un morceau d’anthologie de 14 minutes, Heroin, écrit en 1967 pour le premier album du Velvet, période Nico. Le show est maintenant sur de bons rails (sans jeu de mots !).
Un sacré grand moment pour un sacré bonhomme, visiblement aussi épuisé qu’heureux
Le groupe alterne ensuite les morceaux de bravoure, furieusement électriques, de Lulu (The View, entre autres, sur lequel Aram Bakajian, à la guitare, ferait presque oublier l’absence des musiciens de Metallica), et des titres plus intimistes, voire planants, issus des grandes heures de la carrière solo de Lou Reed. Notons un très prenant Street Hassle (1978), où le timbre tout en cassures de la voix de Lou trouve admirablement son chemin parmi les sonorités flottantes d’un violon éthéré, qui fusionne bientôt avec un chœur aérien, assumé par Joan Wasser, revenue sur scène, pour un moment de grâce, faisant forcément l’unanimité.
Un Rob Wasserman qui s’arc-boute sur son instrument, pour une ligne de basse reconnaissable entre toutes (et que tout l’Olympia attendait). C’est l’incontournable Walk On The Wild Side (1972), renouvelé ce soir par Lou Reed dont la voix, plus éraillée que jamais, soutenue à nouveau par celle, qui se fait pop, de Joan Wasser, est bientôt submergée par les assauts répétés d’un saxophone convulsif qui semble vouloir mourir sur scène.
Pour les rappels, c’est à nouveau la fastueuse époque d’Andy Warhol et de sa Factory qui est ce soir mise à l’honneur, avec deux titres (Beginning To See The Light et Pale Blue Eyes) de l’album de 1969 , le très sobrement intitulé The Velvet Underground. Mais le concert n’est pas encore fini. Lou Reed revient une dernière fois sur scène, pour saluer son public, en le gratifiant d’un ultime Sweet Jane (Loaded, 1970), sur-vitaminé, et dansant à souhait. Un sacré grand moment pour un sacré bonhomme, visiblement aussi épuisé qu’heureux, et qui tire maintenant sa révérence en toute simplicité tandis qu’une standing ovation accompagne sa sortie. Respect !
LA SET LIST COMPLÈTE :
BRANDENBURG GATE
HEROIN
I’M WAITING FOR THE MAN
SENSELESSLY CRUEL
THE VIEW
MISTRESS DREAD
STREET HASSLE
CREMATION- ASHES TO ASHES
WALK ON THE WILD SIDE
SAD SONG
JUNIOR DAD
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BEGINNING TO SEE THE LIGHT
PALE BLUE EYES
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SWEET JANE
/// Textes & Crédit photos : © Pierre Rigae ///
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