La fin du monde en musique vue par Pixbear
La fin du monde sera un désastre puisqu’on va tous mourir. Néanmoins, on ose imaginer affronter cette apocalypse en musique. Ce fantasme collectif est contagieux. C’est terrible car ce sera la fin de la baise, la fin de la bière, la fin de tout… Ce n’est pas trop le genre de Pixbear de faire ses tops albums de l’année. Mais les prédictions de la fin de monde nous ont inspirés. On se dévoile. Chaque membre de l’équipe s’est prêté au jeu du « j’écouterais quoi avant la fin du monde ? ». On vous livre nos albums favoris de l’année ou presque. Ce qu’on a aimé écouter et ré-écouter sans chercher dans les fonds des tiroirs. On en rira sûrement en 2013, alors, prêts à découvrir nos playlists ?! Au passage, on vous souhaite une douce fin du monde en chantant et en dansant !!!
LA SELECTION DE JOËLLE RASOARIVELO
Puisqu’il paraît qu’on va tous mourir, mieux vaut clamser avec des crus de 2012. Je me fais mon court-métrage dans ma tête tout en musique. Si l’extinction de la race humaine se produira vraiment le 21 décembre 2012, je serai dehors. Je veux voir ça, casque sur les oreilles. Je commencerai ma playlist avant la tempête avec Deftones, Slash et Metz pour me mettre dans l’atmosphère, car, comme on dit que le rock’n’roll, le garage et le metal ne sont pas morts, autant prolonger le plaisir. Lorsque le ciel s’assombrira, que les enfants commenceront à pleurer, que les gens courront sans but et hurleront, mon voyage musical se poursuivera avec Toy, Liars et Chairlift pour le bien de mes nerfs. Et puis, il y aura le moment où les gens se rendront compte que la fin est là. Ils se figeront un court instant et on prendra la réalité en pleine face. Sans gène, j’enchainerai avec Cloud Nothings et Gallows car, avec “l’agressivité” du son, je me sentirai en osmose avec l’ambiance d’apocalypse.
Avant que tout ne foute le camp pour de bon, je deviendrai la meilleure amie de Marie Jeanne le temps d’un album de Die Antwoord ! Quand mon heure arrivera enfin, je lâcherai mes derniers souffles avec Soap&Skin dans les oreilles. Je serai bien et je serai prête à quitter la planète Terre. Même si le chemin du paradis est étroit (je m’en fous puisque, je le sais, je n’en ferai partie) ! Si on est tous vivant le 22 décembre 2012, j’ai envie de dire « bonzaï » !! De vous à moi, au fond, on va tous y passer car la vérité est ailleurs. Ce qui est certain c’est que cette année nous a pondu de belles choses et il n’y a que ça de vrai !
DEFTONES – KOI NO YOKAN |
LA SELECTION DE NATHALIE BRU
Allongée sur mon lit, pour l’occasion recouvert du vieux couvre-lit tricoté par mamie, j’attends la fin du monde. J’ai ressorti la vieille chaîne hi-fi. When the Ship Is Thinking, de Bonaparte. Ça grince. Je ferme les yeux. La rose dans ma main, sortie pour l’occasion du congélateur, commence à faner. Le météorite qui doit venir nous emporter n’est pas loin, la radio l’annonce pour dans quinze minutes à peine, avec en fond sonore So Nice, de Thee Oh Sees, puis Thundersky, de Wall of Death. Faut se ressaisir en douceur. Sparks, de Moon Duo. La rose a trépassé, mais moi pas encore. J’ai de belles minutes devant moi. Come on! hurlent les Hives. Ça y est, je suis debout. Sans pour autant savoir par où commencer. Come on! une dernière fois, puis le silence s’abat.
Je regarde la nature plongée dans la nuit. Curse the Night, me susurrent les Raveonettes. Il y a des ombres qui dansent au-dehors. Procession de fantômes. Le ciel devient blanc, puis bleu. A Thousand Followers de BirdPen. « They all go to another place, join hands ». Je les regarde passer, paumes tournées vers le ciel, drapés dans leurs toges chatoyantes de rosée. Je lève les yeux. C’est un corbeau ? Non, c’est un phénix. La grosse boule venue nous pulvériser tous. Je souris. Des nuées de papillons argentés s’échappent des arbres en fleurs et ondulent tout autour. Le ciel est rouge. C’est beau. Il faut danser, une dernière fois. Come, chante Patti Smtih, Be My April Fool…
PATTI SMITH – BANGA |
LA SELECTION DE MR. GRIEVES
Pour accompagner sereinement l’apocalypse, je débuterai la journée en écoutant Come of Age parce que les Vaccines savent comment faire sonner une chanson pop de 2 minutes 30. Je passerai ensuite au premier album éponyme de Metz parce que ce disque est court et intense et qu’il me permettra d’extérioser mon angoisse de la mort. Pour calmer mes nerfs, rien de tel ensuite que Lonerism de Tame Impala parce que je n’ai pas eu encore le temps de l’écouter et que j’ai adoré le premier. Pas envie de mourir idiot… Juste avant de passer à table, je me passerai un petit The Savage Heart du Jim Jones Revue parce que c’est bon d’écouter du garage rock et de porter des pantalons en cuir (après tout c’est la fin du monde, on peut s’habiller n’importe comment !). Et puis ça ouvre l’appétit… Pour digérer, la trilogie ¡Uno!, ¡Dos! et ¡Tré! de Green Day parce que j’ai toujours aimé ce groupe sans jamais oser l’avouer même s’il fait aujourd’hui de la pop FM plutôt douteuse. Chacun ses vices…
J’enchainerai ensuite sur America (Give Up) de Howler parce que c’était une des belles découvertes de l’année et Old Ideas parce qu’il n’y a rien de tel que Leonard Cohen pour oublier la fin du monde. Après ça, une sieste de mes yeux humides s’imposera. Pour me réveiller avant les dernières heures de l’Humanité, j’oserai Born to Die de Lana Del Rey parce que je pourrai passer mes nerfs sur ce disque en le détruisant à coups de pieds. Dans la dernière ligne droite, l’album éponyme de Django Django me donnera l’occasion de danser une dernière fois. Et en guise de bouquet final, Reign of Terror de Sleigh Bells parce que c’est la musique parfaite de l’apocalypse (j’appuierai sur « play » au moment des premiers tremblements de terre en utilisant un appareil à pile en prévision de la coupure générale de courant). Finalement, je vais passer une belle journée, moi, le 21 décembre…
THE VACCINES – COME OF AGE |
LA SELECTION D’EDOUARD DORET
Comment passer une fin du monde en toute sérénité ? Premièrement, il faut évacuer la peur. Pour se mettre dans l’ambiance, je commencerai par l’un des albums les plus confondants de 2012 : Attack on Memory de Cloud Nothings, dont la noirceur inattendue m’inspirent un avant-goût d’apocalypse. Que l’on aime ou non, impossible de rester indifférent à l’écoute des cris désespérés de Dylan Baldi. Puis je m’enchainerai les albums de Troy von Balthazar …Is with the Demon et de M.Ward A Wasteland Companion histoire de retrouver mon calme. Et parce qu’il faut savoir rester digne en toute circonstance, l’élégant album Blues Funeral de Mark Lanegan me servira de prophète. Je m’enfuirai en prenant soin d’éviter les mouvements de foule, suivant les conseils de Tristesse Contemporaine sur Hell is other People, avant de partir m’exiler vers l’univers de Yeti Lane, celui de leur excellent deuxième opus The Echo Show qui fourmille de diamants bruts tels Sparkling Sunbeam et Warming Sensations. La fin du monde approchant à grands pas, je me contenterai de l’EP Onwards To The Wall d’A Place to Bury Strangers, qui contient en 4 titres la quintessence de leur style musical unique, pour préférer écouter longuement les derniers Shearwater et Spiritualized, dont chaque morceau fait écho à leur riche discographie. Ça rappellera des souvenirs.
Pour finir, je choisirai le concept-album Orkney Symphony of the Magnetic North de The Magnetic North. Satisfait et apaisé, je fermerai les yeux à l’écoute du dernier titre Yesnaby, les voix planantes de Gawain Erland Cooper et Hannah Peel en tête : « No more sorrow, no more violence […] No more shouting no more Silence ». Tranquille, la fin du monde.
TROY VON BALTHAZAR - …IS WITH THE DEMON |
LA SELECTION DE PIERRE RIGAE
C’est un fait, cette affaire de Fin du Monde n’arrange pas vraiment les miennes… Que vais-je faire de mes précieux billets pour Depeche Mode aux Arènes de Nîmes en juillet prochain ? Seront-ils remboursables après l’Apocalypse ? En attendant, dans le trop court laps de temps qui nous est accordé, je vais tâcher de me consoler en écoutant en boucle (jusqu’à l’instant fatal !) quelques albums de cette ultime année indie rock, histoire de finir sur une bonne impression. Je commencerai par les Hives, et leur sémillant Lex Hives, Je me dis que, quitte à partir, autant le faire dans les formes (hautes de préférence), avec smoking et gants blancs. Puis je ferai ensuite un petit détour par les Shifty Adventures in Nookie Wood de John Cale (c’est mon côté nostalgique, je n’y peux pas grand chose, et après tout les Velvet, ce n’était quand même pas rien !). J’enchaînerai avec la sublimissime St. Vincent et son Love This Giant (en collaboration avec David Byrne) car, je l’avoue, une voix féminine me sera sans soute d’un grand secours dans ces moments funestes.
Je continuerai par l’énigmatique EP de Pygmy Johnson, en espérant entrevoir, une dernière fois, les grands espaces de l’Ouest américain. Il sera alors sans doute le moment de songer à faire une dernière fête monstrueuse et, pour conjurer le sort, je choisirai le Theatre Is Evil d’Amanda Palmer, et le déjanté autant que jouissif Sorry, We’re Open de Bonaparte, avant de terminer sur le guttural et prophétique MMXII de Killing Joke. Un bon petit programme, finalement. Mais à l’heure fatidique (nous le saurons bien trop tôt), je ne suis pas sûr qu’un ultime réflexe régressif ne me fasse ressortir du placard ma vielle bonne platine vinyle, pour un ultime « Armageddon – Come Armageddon ! Come Armageddon ! Come ! » (Morrissey, Everyday Is Like Sunday, Viva Hate, 1988, ré-édité cette année), pour terminer, comme une évidence, par le vers qui ouvre le somptueux Pornography des Cure (1982) : « It doesn’t matter if we all die… ». Oui, ce serait une belle fin.
THE HIVES – LEX HIVES |
Publié le 19/12/2012