Atoms for Peace vs Spotify : la guerre est déclarée !
Le week-end dernier, Atoms for Peace, le projet emmené par Thom Yorke (Radiohead) et Nigel Godrich, a fait retirer son album AMOK de Spotify en arguant que ce service de streaming était néfaste aux jeunes artistes et à la création musicale. Spotify vient de répliquer dans un communiqué officiel. La guerre est déclarée !
Ce week-end, Nigel Godrich s’est fendu d’une diatribe contre Spotify via Twitter pour expliquer pourquoi le nouvel album d’Atoms for Peace n’apparaissait plus sur la plateforme. « La raison est que les artistes sont payés que dalle avec ce modèle. C’est une équation qui ne fonctionne pas ».
« Des millions de streams ne leur rapportent que quelques milliers de dollars »
« L’industrie du disque est en train de se faire avoir et, si nous n’essayons pas de le rendre équitable pour les nouveaux producteurs de musique et les artistes, l’art va en souffrir » précise-t-il. « Ne vous méprenez pas. Ce sont toujours les mêmes vieux de la vieille de l’industrie qui tentent d’avoir une mainmise sur le système de livraison. En plus, les gens ont peur de parler ou de ne pas participer car on leur dit qu’ils vont perdre une exposition inestimable si ils ne jouent pas le jeu. Pendant ce temps, des millions de streams ne leur rapportent que quelques milliers de dollars. Pas comme la radio ».
« Certains disques peuvent être fait sur un laptop mais certains ont besoin de musiciens et de techniciens expérimentés. Ces choses coûtent de l’argent. Le catalogue des Pink Floyd a déjà généré des milliards de dollars pour quelqu’un (pas forcément le groupe). Donc, le mettre sur un site de streaming est totalement sensé. Mais si les gens avaient écouté Spotify au lieu d’acheter des disques en 1973, je doute que Dark Side of the Moon aurait été fait. Cela aurait été trop cher ».
« Nous voulons aider les artistes à entrer en contact avec leurs fans »
En réaction à cette attaque, Spotify vient de réagir suite à une sollicitation du NME : « Spotify a pour but de faire grandir un service que les gens aiment, qu’ils aient envie de payer et qui apportera le soutien financier à l’industrie du disque nécessaire pour investir dans de nouveaux talents et de nouvelles musiques. Nous voulons aider les artistes à entrer en contact avec leurs fans, trouver de nouveaux publics, faire grandir leur base de fans et vivre de la musique que nous aimons tous ».
« Actuellement, nous sommes toujours aux premières étapes d’un projet à long terme qui a déjà eu d’énormes effets positifs sur les artistes et les nouvelles musiques. Nous avons versé jusqu’à présent 500 millions de dollars aux ayants droit et, à la fin de l’année 2013, ce chiffre atteindra le milliard de dollars. La plupart de cet argent est investie dans de nouveaux talents et la production de musiques nouvelles ». Dans le même temps, Spotify est en croissance constante depuis 2010. Son chiffre d’affaires est passé de 94 millions de dollars en 2010 à 500 millions de dollars en 2012. Le service serait devenu l’année dernière la deuxième source de revenus des labels loin derrière iTunes.
Pour son PDG Daniel Ek, ceux qui critiquent la rémunération des artistes prennent le problème à l’envers. « Spotify n’est pas du tout le service de streaming qui paie le moins les artistes. La question qu’il faut se poser, ce n’est d’ailleurs pas ‘Combien je gagne avec une écoute’ mais ‘Combien d’écoutes je peux obtenir grâce à Spotify' » avait-il déclaré lors d’une conférence donnée au festival SXSW d’Austin (Texas) en mars dernier.
En attendant, l’album du projet electro de Nigel Godrich, Ultraista, ainsi que le premier album solo de Thom Yorke, The Eraser, ont également été enlevés de Spotify. Pour info, la plate-forme de streaming reverserait actuellement 0,003 € par écoute aux artistes. Deezer, quant à lui, atteindrait des sommets de générosité avec 0,006 € par écoute…
Publié le 15/07/2013