Photos Aline @ Le Café de la Danse 2013
Déjà bien avant la sortie de son premier album, Regarde le Ciel, Aline avait fait couler beaucoup d’encre. Malgré une presse musicale et quotidienne souvent dithyrambiques, des polémiques sans fin ont fleuri sur la Toile. Comparés ici à Gamine, là à Indochine, Aline partage mais ne laisse jamais indifférent. Autant dire que les anciennement nommés Young Michelin étaient très attendus au Café de la Danse. Retour sur un concert étonnant.
Il est 20h45 lorsqu’on arrive dans un Café de la Danse surpeuplé – la date affiche complet depuis plusieurs mois déjà, et nombreux sont ceux qui n’ont pas été assez rapides pour obtenir le sésame d’un billet pour entrer. Jeux-concours et quinze places annoncées sur le Facebook du groupe deux heures avant le début du concert auront cependant fait le bonheur de quelques amoureux du groupe. Dans l’après-midi déjà, je reçois un message d’un ami qui, en capitales, annonce qu’il a « GAGNÉ DES PLACES POUR ALINE ! ». Le ton est donné.
Les Copains plonge instantanément le public dans cette ambiance nostalgique
Le temps d’aller chercher une bière au bar et le concert commence. Les Copains plonge instantanément le public dans cette ambiance nostalgique faussement enlevée comme savent si bien distiller les membres d’Aline. Entamer ce set par un morceau instrumental est un joli défi à relever pour cette première date parisienne de Regarde le Ciel (ils passent à l’Alhambra le 28 mai), et les spectateurs semblent un peu surpris. Applaudissant et criant dès les premiers accords, ils retombent au fur et à mesure comme frappés de vague à l’âme.
Puis vient Hélas, morceau qui ne figure (malheureusement) pas sur l’album, mais sur l’EP Je bois et puis je danse, mais ici sensiblement repensé. Romain Guerret ne chante pas toutes les paroles, comme pour faire une transition plus douce avec l’instrumental précédent. L’effet est un peu étrange, il manque quelque chose et nous restons sur notre faim quand Romain s’essaie à des vocalises auxquelles on ne se serait pas attendu sur ce morceau.
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Ça chante, ça boit, ça danse
Maudit Garçon prend la suite et le concert ne décolle pas. Le public applaudit mais remue mollement, à part devant la scène où quelques bras suivent la cadence. Il faut dire que la configuration en grande partie assise de la salle ne facilite pas la tache au groupe. A l’arrière de la fosse, le public est comme pris entre l’immobilité des gradins et l’enthousiasme manifesté plus en avant. On commence à croire que la prestation d’Aline pâtit aussi de la cadence de sa tournée française, peut-être également d’une certaine pression pesant sur les épaules des membres pour cette date importante. On chantonne, on attend.
Maudit Garçon terminé, Romain prend le micro pour annoncer Deux Hirondelles qu’il dédie à ses deux filles, expliquant qu’il n’a pas préparé ses interventions entre les titres. Était-il besoin de le préciser ? Cela se sent, mais voilà Deux Hirondelles qui commence et le public est réceptif. Ça chante, ça boit, ça danse et c’était exactement l’ambiance que l’on attendait pour Je bois et puis je danse qui prend la suite de façon très cohérente. Serge, « The crazy bongo man », rejoint le groupe et maintenant le public prend enfin pleinement part au concert. Tout le monde s’y met, et, même assis, les gradins ondulent au son des paroles douces-amères, jusqu’au break final qui propulse les spectateurs au paroxysme de leur joie.
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Regarde le ciel met le feu aux poudres
C’est alors qu’Obscène prend le relais, et l’interprétation est pour le moins hasardeuse : n’est pas Morrissey qui veut, et Romain flirte avec les fausses notes tout au long du titre. Ce dernier est assez fâcheusement enchaîné avec le très calme Il Faut Partir, qui aurait pourtant été parfait, bien qu’un peu attendu, en dernier morceau avant un rappel. On espère le calme avant la tempête et on en profite pour aller remplir nos verres au bar déserté, à l’étage. Le temps d’un détour pour discuter un peu avec des connaissances au retour, et Je suis fatigué prend la suite. A l’époque de l’écriture de ce titre, Aline s’appelait encore Young Michelin, et, incontestablement, le groupe avait déjà trouvé sa patte.
La tempête n’est pas encore au rendez-vous, et bien que Elle et moi soit aussi doux à vivre qu’il est caressant sur disque, c’est définitivement Regarde le ciel qui met le feu aux poudres. La basse de Romain Leiris fait instantanément partir le public qui n’attend plus que la ligne de guitare d’Arnaud Pilard pour s’enflammer. Quand Romain entame le « monte sur le toit, embrasse-moi une dernière fois, oh ! mon amour », la salle est définitivement conquise et chante en chœur sans cesser de s’agiter, à part quelques rabat-joie qui semblent totalement imperméables « aux lueurs pâles des morts » qu’ils ne voient pas.
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On se surprend à espérer qu’Elle m’oubliera ne soit pas prophétique
Si l’on a eu peur qu’Aline ne se lance jamais vraiment, les doutes sont maintenant derrière nous, et l’enchaînement avec Teen Whistle est parfait. Arnaud s’empare du tin whistle et sa prestation met alors la foule en joie. « Sans vos yeux pour me parler, vos bras pour me rattraper, je penche » et la salle oscille effectivement, donnant encore un peu plus de sens aux paroles de Romain.
Le climax est atteint, et le Tout est dit qui prend la suite parle de lui-même. Peut-on encore attendre un moment comme celui qui vient de se produire ? On se surprend à espérer qu’Elle m’oubliera ne soit pas prophétique, et Aline, « je ne t’en veux pas », on ne pense pas qu’« elle t’oubliera » de sitôt, malgré quelques fausses notes bien insignifiantes pour quelques moments de bonheur pur. D’autant plus qu’Aline termine ce set sur Les éclaireurs, suivi juste par un second Je bois et puis je danse, qui résonne encore et toujours à nos oreilles.
Le groupe sort de scène, la salle se désemplit, et c’était peut-être ce moment de vide qu’il nous fallait pour réaliser comme elle était vivante et réceptive l’instant précédent. Prévert alors se rappelle à notre souvenir : « On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va« . Merci Aline, on t’attend déjà à l’Alhambra.
LA SET LIST COMPLÈTE :
LES COPAINS
HELAS
MAUDIT GARÇON
DEUX HIRONDELLES
JE BOIS ET PUIS JE DANSE
OBSCÈNE
IL FAUT PARTIR
JE SUIS FATIGUÉ
ELLE ET MOI
REGARDE LE CIEL
TEEN WHISTLE
TOUT EST DIT
ELLE M’OUBLIERA
LES ÉCLAIREURS
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JE BOIS ET PUIS JE DANSE