Photos Amanda Palmer @ La Maroquinerie 2012
C’est armée d’un nouvel album Theatre Is Evil aussi suavement trash que férocement glamour, qu’Amanda Palmer, incontestable icône « made in USA » d’un neo punk assaisonné à la sauce berlinoise, débarquait à Paris, accompagnée de son Grand Theft Orchestra au grand complet. Malgré une salle sold out depuis plusieurs semaines, rien ne laissait cependant présager le tourbillon violent de décadence joviale qui allait s’abattre sur la Maroquinerie, irrémédiablement sonnée par la performance scénique de celle qui s’est elle-même rebaptisée Amanda « Fucking » Palmer. On sait désormais pourquoi…
Furieuse adepte du cabaret berlinois de l’entre-deux guerres, Amanda Palmer, en bonne meneuse de revue post-moderniste, ne se déplace jamais sans sa troupe, aussi nombreuse qu’hétéroclite. Mais, tandis que la salle menace déjà de craquer une bonne heure avant l’ouverture officielle de la soirée, en découvrant la forêt de micros, de synthés en tout genre, et l’incroyable enchevêtrement de fils de guitare qui envahissent la scène de la Maroquinerie (qui n’a jamais semblé aussi étriquée), on se demande où tout ce beau monde va bien pouvoir se loger. D’autant que l’on annonce deux premières parties avant le show de la belle.
Amanda Palmer présente en personne la formation suivante : The Simple Pleasure
Ce qui est sûr, c’est qu’on est ici en famille, et c’est tout naturellement Jherek Bischoff, bassiste d’Amanda Palmer sur sa dernière tournée, qui ouvre le bal dans son élégant smoking noir, avec des compositions très personnelles sur lesquelles sa voix tendrement décalée de crooner d’une autre époque dialogue intelligemment avec une guitare saturée. La salle apprécie, d’autant qu’Amanda Palmer en personne lui succède sur scène pour présenter la formation suivante, The Simple Pleasure, dont tous les membres font également partie de son Grand Thift Orchestra.
La soirée commence à prendre forme, et c’est vite du délire dans la salle, car, si Chad Raines, guitariste du Grand Thift Orchestra, profite de l’occasion pour mimer un Bowie glam rock revisité par un Tex Avery facétieux, Amanda Palmer est restée, et lance au public des pancartes sur lesquelles figurent les noms des musiciens. Ils sont sauvages, ils font du bruit, ils sont décomplexés, et c’est tout ce que la salle attendait d’eux.
Coiffée d’une casquette militaire de l’ex RDA, Amanda Palmer n’arbore presque rien d’autre qu’un austère corset noir 1900
21h20. Tout commence par une distribution de roses au public par tous les membres du GTO (et ils sont une bonne douzaine), tous vêtus de blanc cette fois-ci, y compris Jherek Bischoff, qui est cependant resté fidèle à la sobriété imparable du smoking ajusté. Mais c’est l’entrée d’Amanda Palmer qui fait réellement sensation. Coiffée d’une casquette militaire de l’ex RDA, elle n’arbore presque rien d’autre qu’un austère corset noir 1900, sur lequel se détache le portrait énigmatique d’une icône incontournable de la scène underground des années 80, celui de l’irremplaçable Klaus Nomi. Ultime signature esthétique en forme de provocation pileuse, les aisselles d’Amanda s’affranchissent résolument de tout dictat de la mode, et finissent de situer son look entre Lili Marleen et Portier de nuit.
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Mais Amanda Palmer, c’est aussi de la musique, et elle va nous en abreuver toute la soirée dans une ambiance de bazar festif, irrévérencieux, mais toujours bon enfant. Tout commence par l’incroyable (mais volontaire et iconoclaste) pagaille de Smile, sur lequel Amanda ne fait que mimer grossièrement un texte qu’elle fait défiler sur de nouvelles pancartes en carton avant de les lancer vers la fosse déchaînée, tandis que son batteur attitré, Michael McQuilken, massacrant allègrement le morceau, la remplace au chant, en hurlant les paroles à tue-tête. Avant-gardiste, génialement idiot, mais sacrément jubilatoire !
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Amanda Palmer fait tomber à coups de burin joyeux les hauts murs de l’inhibition
La folie gagne vite du terrain dans cette Maroquinerie surchauffée, et il faut attendre Astronaut (sur Who Killed Amanda Palmer?, album qui a révélé le phénomène en 2008) pour découvrir une autre facette de la jeune femme, à la fois plus sensible et plus sombre. Une intro oppressante, des solos qui se tendent jusqu’à craquer, et puis cette voix, comme née d’un introspectif néant, qui déchire alors le silence. In situ, l’effet est garanti, et l’écoute devient soudain studieuse dans une Maroquinerie médusée.
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Mais pas de panique, ça repartira vite sur des charbons ardents. De nombreux morceaux (Grown Man Cry et Bottomfeeder en tête) tirés de son dernier opus, Theatre Is Evil, encadrant (trouvaille de la tournée) deux titres sur lesquels Amanda Palmer accompagne au piano deux volontaires à interpréter sur scène ses propres compositions (dont le presque folk Sing des Dresden Dolls).
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Entre temps, Amanda Palmer s’est aussi payée un joyeux bain de foule, et a fait tomber à coups de burin joyeux les hauts murs de l’inhibition, en déambulant (très court vêtue) parmi la fosse soudain métamorphosée en marée houleuse. Puis, à nouveau accompagnée de tous ses musiciens, Amanda se met en tête de rejoindre la console, située au fond de la salle, pour entamer au mégaphone, dans une symbiose qui fait plaisir à voir, un ultime Want It Back fédérateur en forme d’au revoir plus que d’adieu. La messe est dite, et, c’est sûr, on se souviendra de son message… Oui, mais lequel ?
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LA SET LIST COMPLÈTE :
A GRAND THEFT INTERMISSION
SMILE (PICTURES OR IT DOESN’T HAPPEN)
THE KILLING TYPE
WANT IT BACK
MISSED ME (THE DRESDEN DOLLS)
ASTRONAUT
GROWN MAN CRY
MAGIC FUTURE BOX (THE FEW MOMENTS)
SING
IN MY MIND
THE BED SONG
BOTTOMFEEDER
LEEDS UNITED
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WANT IT BACK
/// Textes & Crédit photos : © Pierre Rigae ///
Amanda Palmer : les 35 bonnes paroles d’une artiste insatiable de partage
Révélée en tant que moitié du duo rock cabaret The Dresden Dolls, Amanda Palmer mène désormais une carrière solo placée sous le signe du partage et de la performance. Pour lui rendre hommage, Pixbear a rassemblé 35 citations qui en disent long sur sa personnalité.