Photos Class Actress, Birdy Hunt, Théodore, Paul & Gabriel @ Les InRocKs Lab Party 2011
C’est dans une Flèche d’Or transformée pour l’occasion en laboratoire de découvertes par les InRocKs Lab Party que nous retrouvons en tête d’affiche Elizabeth Harper, sans ses Matinee(s) mais avec son combo post néo romantique Class Actress, accompagnée ce soir par l’intenable Birdy Hunt et sa pop rock sous emphets, ainsi que par un trio qui dépoussière un peu le folk par sa jeunesse et, malgré son nom à consonance masculine, par sa féminité conquérante : Théodore, Paul & Gabriel. Un plateau bigarré donc, mais dont chacune des composantes est à placer sous haute surveillance, sous peine de faute professionnelle grave.
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Malgré le froid qui sévit sur la Capitale, c’est une soirée idéale pour tous les amoureux de nouveautés musicales en général, et estampillées rock en particulier. Les InRocKs Lab Party, après leur festival plus que réussi, ont organisé une ultime session de rattrapage, et c’est justement ce soir, à la Flèche d’Or. Beaucoup de monde donc à l’ouverture des portes, car personne ne veut rien manquer. Car, même si la soirée est avant tout organisée autour de la présence glamour autant que débridée de Class Actress, qui s’est donné pour mission de faire renaître de ses cendres ce néo-romantisme industriel qu’on croyait définitivement enterré depuis la fin des eighties, les formations qui vont la précéder ont déjà réussi à séduire le public dans un passé très récent.
Les amis proches de Théodore, Paul & Gabriel n’ont pas oublié de faire le déplacement
20h30. La soirée débute tout de suite avec une formation composée de trois filles qui ont choisi de masculiniser leurs prénoms respectifs pour former Théodore, Paul & Gabriel, dont le nom évoque immanquablement celui de leurs glorieux aînés du folk contestataire de la fin des années 60, Crosby, Stills, Nash & Young. Des références solides pour un trio déjà sûr de lui malgré le très jeune âge de chacun de ses membres. Les trois filles n’en sont d’ailleurs déjà plus à leur coup d’essai, et elles entendent bien confirmer ce soir la très bonne impression produite quelques jours plus tôt à l’Olympia sur le public du festival Les Inrocks Black XS qui les découvrait, juste avant le passage d’Anna Calvi.
Mais si les rangs de leurs fans grossissent naturellement à chacune de leurs nouvelles prestations, leurs amis proches (qui semblent très nombreux) n’ont pas oublié de faire le déplacement, et c’est donc un peu comme à la maison, devant une Flèche d’Or entièrement acquise à leur cause que leur set peut débuter par un très mélodieux et très bien senti Mystical Melodies qui donne le ton de la soirée à venir. Des guitares sèches, un rythme entraînant que tempère la voix mélancolique de Gabrielle, agréablement soutenue sur les refrains par des chœurs aériens, et c’est à un voyage fait de grands espaces que nous sommes conviés.
Regard perçant de petit animal espiègle, volonté sans faille, Gabrielle dirige le bal d’une main de maître
Sur Silent Veil, la voix de Gabrielle se fait plus rauque, presque éraillée, révélant le caractère bien trempé dont la jeune femme peut faire preuve. Du reste, elle a pris avec une assurance surprenante les commandes du show, et elle ne les lâchera plus. Regard perçant de petit animal espiègle, volonté sans faille, elle dirige le bal d’une main de maître, mettant en valeur à tour de rôle les prestations de ses deux consoeurs, plus réservées, mais parfaites dans leurs partitions respectives. A la basse, Théo, profil à la Lou Doillon, est impeccable de sobriété et de justesse, tandis que Pauline, à la guitare, montre une belle habileté technique.
La Flèche d’Or en redemande, et c’est sous les « Une autre ! une autre ! » que le trio est poussé à se reformer pour un dernier titre en forme de rappel. Mais les filles nous préviennent, c’est le public qui devra chanter ! C’est donc le bienvenu My Friend qui clos le set de Théodore, Paul & Gabriel sur une note festive en forme de communion sans équivoque. La soirée est bien lancée.
Birdy Hunt prend d’assaut la scène et harangue la foule
Mais l’on passe tout de suite à un registre complètement différent avec Birdy Hunt, bien décidé à faire encore monter d’un cran la température de la salle. Son combo est au complet, et envahit complètement la scène de la Flèche d’Or qui semble soudain minuscule. Une intro qui envoie du lourd dès les premières mesures, et Birdy Hunt se jette sur son micro comme un mort de faim pour un explosif Only Love qui rappelle les heures fastes d’Echo And The Bunnymen, période Heaven Up Here.
Pas le temps de souffler, car Birdy Hunt a pris d’assaut la scène et harangue maintenant la foule. Avec un parti pris très rock’n’roll, et résolument farouche, le francilien se jette dans tous les sens, et se contorsionne comme s’il était pris de convulsions électriques. Et de l’électricité, il y en a forcément dans l’air avec son MT Numbers qui, plus dans l’esprit de Phoenix, rappelle que le groupe a aussi grandi dans l’ombre de la French Touch. Après un Trough The Graveyard un peu dans la même veine, nous avons droit à Furies And Lights sur lequel la voix du frontman se fait soudain plus sensible, bien que le titre soit aussi enlevé que le reste de son répertoire.
De l’énergie et un humour frondeur très second degré, qui enchante le public sautillant sur place sans bouder son plaisir, caractérise le jeune homme, dont la formation se lâche complètement sur les derniers morceaux joués ce soir, comme sur ce Your Friends élévé à la dynamite. Un bon set, agressif dans le bon sens du terme, et qui contraste juste ce qu’il faut avec le folk épuré de Théodore, Paul & Gabriel et le show sans doute très décalé que nous promet maintenant Class Actress.
Le show de Class Actress se déroule dans une obscurité totale
Car il est l’heure pour la jeune Américaine de Brooklyn de venir tirer les oreilles de tous ces fantômes endormis depuis les années 80, Human League et Soft Cell en tête. La scène de la Flèche d’Or est donc promptement évacuée de tous les instruments martyrisés par Birdy Hunt, et se retrouve bientôt entièrement vide, l’espace, plongé mystérieusement dans des ténèbres tirant vers le bleu, étant seulement occupé par deux synthétiseurs comme rescapés du siècle précédent, à la grande joie de fans qui manifestent déjà leur enthousiasme devant cette régression technologique.
Réduit à un simple duo, le combo s’avance tout simplement vers les maigres structures métalliques de leurs instruments résolument « revival », et Elizabeth en profite pour remercier de sa venue un public qui peut à la fois admirer son irréprochable Français et son look vintage, qui ne l’est pas moins. Ample imperméable à sangles et surtout à épaulettes si caractéristiques, la jeune femme ne pouvait pas mieux faire. Mais, pour que ce « Retour vers le Futur » soit complet, Elizabeth demande alors aux éclairagistes de la salle de supprimer purement et simplement les faisceaux lumineux qui devaient éclairer son visage. Le show se déroulera donc dans une obscurité totale, uniquement trahie par deux spots aussi faibles que froids qui, tombant des nues, n’éclaireront la jeune femme qu’à contre-jour !
Elizabeth fait mine de s’effeuiller puis se ravise soudain devant un public qui se prend fatalement au jeu
Quelques notes tapées d’un seul doigt impérieux sur un synthé antédiluvien, et, avec All The Saints, c’est tout une époque qui frappe soudain à la porte de la Flèche d’Or, bien décidée à faire entrer dans ses murs ce vent aussi insouciant dans le fond que glacée dans la forme. Boite à rythmes oblige, l’illusion est totale, d’autant qu’Elizabeth ressuscite également la gestuelle volontairement hachée qui était en vogue dans les discothèques les plus avant-gardistes de l’époque qu’elle vénère par dessus tout. Sa voix surnage superbement, et humanise avec classe les sonorités minimalistes et froides des vieux synthétiseurs.
L’interminable imper façon « Pale Rider » tombe dès le deuxième titre, et Elizabeth se révèle enfin, à l’instar de l’image qu’elle donne d’elle-même dans ses clips, aussi séductrice que détachée. Elle joue avec l’ampleur flottante de sa chemise presque fluorescente, fait mine de s’effeuiller puis se ravise soudain devant un public qui se prend fatalement au jeu. Un pas en avant, deux pas en arrière, ce jeu sensuel (et forcement sans suite) atteint son paroxysme naturel avec le « tubesque » Weekend, en forme de sucrerie glacée. Sa voix atteint alors la douceur aérienne d’Elizabeth Fraser, chanteuse mythique des Cocteau Twins, tandis que l’instrumentation, plus dure, évoque parfois les premiers New Order.
Il faut attendre le dernier morceau pour enfin entendre raisonner dans une salle comme hypnotisée le premier riff de guitare, avec le très distingué Let Me Take Out, dont la ligne de base, rapide et monocorde, entraîne tout sur son passage. Elizabeth, jetant ses dernières forces dans la bataille, se retrouve à genoux et quasiment dos au public, frappant avec rage son petit synthétiseur maintenant détaché de son socle. Mais c’est déjà fini, et les deux Class Actress saluent leurs fans aussi surpris que déçus que le set ait été si court. A peine 35 minutes, c’est vraiment un peu court, surtout que tout semblait réuni pour que la fête soit totale : un public d’irréductibles fans, un groupe furieusement hors du temps, et une ambiance parfaite. Mais il est vrai qu’il est déjà très tard, et que les derniers métros vont bientôt partir. Rendez-vous est donc pris avec Class Actress pour son prochain concert, et nul doute qu’il y aura encore plus de monde et encore plus d’ambiance !
LES SET LISTS COMPLÈTES :
THEODORE, PAUL & GABRIEL
MYSTERICAL MELODIES
SILENT VEIL
I CAN’T LET GO
BAD MOOD
CHASING THE SEA
TAXI DRIVER
WRITING SONGS
MY KINDOM IS A MESS
MY FRIEND
BIRDY HUNT
INTRO
ONLY LOVE
BINGE
MT NUMBERS
THROUGH THE GRAVEYARD
PICTURES
FURIES AND LIGHTS
YOUR FRIENDS
SAMPA
CLASS ACTRESS
ALL THE SAINTS
CAREFUL WHAT YOU SAY
KEEP YOU
WEEKEND
PROVE ME WRONG
JOURNAL OR ARDENCY
LET ME TAKE YOU OUT