Photos Les Eurockéennes de Belfort 2012
Pour sa 24eme édition, les Eurockéennes de Belfort accueillaient une programmation encore une fois variée et exigeante. Les journées du samedi et du dimanche étaient particulièrement attendues par les festivaliers avec la présence de The Cure, Lana Del Rey, Jack White, Refused ou encore Kavinsky, et ce malgré une météo parfois désastreuse. Ne dompte pas la presqu’ile de Malsaucy qui veut !
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
Merci à Pierre Hennequin !
La journée du samedi commence pourtant idéalement, sous un soleil radieux. Pas un nuage à l’horizon et une chaleur caniculaire. Rien qui ne laissait prévoir le temps électrique qui allait s’abattre sur le festival belfortain en début de soirée… A 15h, les festivaliers sont déjà nombreux à se masser près des portes du site du Malsaucy dans l’attente de l’ouverture, sur les coups de 16h. La veille, le public avait pu applaudir entre autres The Mars Volta, C2C et Factory Floor, et découvrir des artistes prometteurs comme Hanni El Khatib, jeune sauvageon dans la lignée garage-rock popularisée par les White Stripes et plus récemment les Black Keys. Ces derniers produiront d’ailleurs le prochain album d’Hanni El Khatib. Ca ne s’invente pas.
Cerebral Ballzy déconcerte une bonne partie du public
Peu avant 17h, cette deuxième journée démarre sur la Grande Scène avec Sallie Ford & The Sound Outside. Son style rockabilly s’affirme sur un set court et enjoué, parfait pour mettre tout le monde en jambes. On enchaine avec Cerebral Ballzy sur la Green Room. Les cinq jeunes membres déconcertent une bonne partie du public avec leur son punk rock ultra énervé. Beaucoup préfèrent se taper une sieste à l’ombre.
Mastodon dépeint un atmosphère proche de l’apocalypse
A 18h, on retrouve le groupe poids-lourd Mastodon et ses quatre bons vieux métalleux à l’appétence barbare, tatoués de la tête aux pieds sur la Grande Scène. Le chant grave et puissant de Troy Sanders accompagne les rythmiques stoner du batteur Brann Dailor, tandis que sa basse supporte les accords nerveux et techniques des deux guitaristes Brent Hinds et Billy Kelliher. Durant une heure, Mastodon dépeint une atmosphère proche de l’apocalypse, presque annonciatrice de la tempête à venir.
Thee Oh Sees déverse tout du long un set ultra dynamique
On en sort plein de sueur, prêt à se donner sur l’excellent set de Thee Oh Sees. Les quatre joyeux drilles de San Francisco s’installent étroitement regroupés autour de la batterie avant d’ouvrir sur The Dream, morceau lancé à toute berzingue par un batteur véloce, ce qui met en joie toute la fosse. Le guitariste/chanteur John Dwyer et son comparse Petey Dammit tiennent leurs guitares bien hautes tels deux Beatles, mais la comparaison s’arrête là. En plus d’avoir un son à faire trembler les caves, les deux piliers de la troupe affichent un look dépareillé aussi foutraque que leurs tatouages. C’est bien en vain que la claviériste Brigid Dawson tente de survivre sous les fracas guitares/batterie des trois autres excités. Thee Oh Sees déverse tout du long un set ultra dynamique, et le public adhère beaucoup plus vite que sur les concerts précédents.
Dropkick Murphys terminent sur une reprise couillue de TNT d’AC/DC
Vers 19h30, des messages d’alerte météo défilent sur les écrans de la Grande Scène et de la Green Room : « Risque d’orages forts » peut-on y lire… L’information est reprise malicieusement en cœur par quelques esprits moqueurs, les doigts levés vers le ciel pourtant d’un noir d’encre.
Alors vite, on repart sur la grande scène prise d’assaut par Dropkick Murphys. Le concept est simple : prenez des hymnes de comptoir tirées du folklore irlandais – avec son lot de cornemuses, accordéons, et autres joyeusetés en kilt – et vomissez gaiement une belle dose de testostérone rock par-dessus. Et paf, on vous le donne en mille : vous obtenez une belle fosse bouillonnante et bordélique à souhait. Les sept membres du collectif assurent le spectacle et terminent sur une reprise couillue de TNT d’AC/DC.
Kavinsky empoigne un micro pour nous conseiller de décamper au plus vite
Enfin, c’est ce qu’on nous a dit. Car une demi-heure plus tôt – sur la maintenant traditionnelle Scène de La Plage – débutait le set de Kavinsky, deuxième artiste sur la liste de la programmation de cette soirée estampillée La Plage à Pedro et chapeautée donc par Petro Winter alias Busy P. Kavinsky nous rappelle les premières heures du label Ed Banger avec ses sonorités electro inspirées, mais crée toutefois la surprise en reprenant le remix de Killing in the Name (Rage Against The Machine) par SebastiAn censé jouer à minuit. Kavinsky nous offre un set bien loin des inspirations plus mélo de son tube Nightcall dont nous n’entendrons d’ailleurs que les premières notes. Il est 21h30 lorsque résonne sur la presqu’ile le premier coup de tonnerre. Le son est coupé brutalement alors que Kavinsky empoigne un micro pour nous conseiller de décamper au plus vite.
Les minutes qui suivent se résument debout sous une bâche de fortune à converser joyeusement avec des festivaliers tous trempés jusqu’aux os. Des torrents de pluie s’abattent sur l’ensemble du festival qui interrompt tous les concerts en cours et ordonne diverses consignes de sécurité, comme « ne pas s’abriter sous un arbre », ce que certains s’empressent de faire (!). L’orage passe mais « ce n’est qu’une accalmie » selon les organisateurs qui redoutent un second orage plus violent. La soirée La Plage à Pedro ne reprendra pas.
The Cure nous plonge dans son univers mélancolique
L’énorme tête d’affiche The Cure est pourtant prévue à 22h30 et la foule se presse déjà contre la Grande Scène. Il fait maintenant nuit et la pluie continue de tomber sur le site, avec en prime des rafales d’éclairs que les festivaliers subissent impuissants. Tout le monde semble effrayé par l’éventualité d’une annulation de la soirée. Finalement, après trois-quarts d’heure d’attente, Robert Smith et ses acolytes entrent en scène sur Plain Song de l’album Disintegration, album considéré par beaucoup comme la plus belle réussite du groupe. Un peu lent au démarrage, Robert Smith finit par sortir de sa torpeur pour se donner pleinement dans cette grande messe nostalgique après une petite heure.
Époustouflant, le charismatique Robert donne de la voix, brille par son jeu de guitare tout en arpèges, et nous plonge dans son univers mélancolique à l’impressionnant répertoire. De Pictures of You à One Hundred Years – du superbe album Pornography – on reste émerveillé durant les deux heures et demi de concert grâce à une acoustique étonnamment idéale, et ce malgré les conditions climatiques. Certains blâmeront quelques longueurs… on mettra cela sur le compte de la fatigue, car assister à une telle performance de The Cure valait amplement le déplacement. On aura même droit à deux rappels avec les indispensables Why Can’t I Be You? et Boys Don’t Cry. Satisfaits, on marque une pause bien méritée en attendant Justice pour sauter à pieds joints dans la boue.
Justice introduit son set sur la grandiloquente Genesis
C’est avec un certain enthousiasme que les festivaliers retournent sur la Grande Scène pour le dernier concert de la soirée mais non des moindres : Justice. Xavier de Rosnay et Gaspard Augé, tous deux planqués derrière leur fameuse croix latine blanche et entourés d’énormes enceintes Marshall introduisent leur set sur la grandiloquente Genesis. Le spectacle visuel proposé est techniquement impeccable : Sur Stress, le jeu de lumière rouge vif installe une ambiance dérangeante sous fond de samples de cordes flippants et de sirènes d’alarme.
Globalement le show est réussi, cependant quelques moments de frustration viennent ponctuer ce set trop souvent en dent de scie. Les moments de calme (comprenez des grosses nappes de synthés) interrompent des moments de pure folie, de ceux capables de réchauffer une foule détrempée. Pour le coup, Justice nous quitte sur l’excellente Phantom, Part 2 qui laisse les premiers rangs euphoriques. Rideau.
Le Brian Jonestown Massacre joue à l’unisson
Le lendemain, dimanche, on commence sous un temps gris et pluvieux. La presqu’ile n’est plus qu’un vaste terrain de boue, mais l’ambiance est assurée par la bonne humeur des festivaliers. Le Brian Jonestown Massacre est un des premiers groupes à ouvrir la Scène de la Plage. Ils sont maintenant huit musiciens sur scène dont quatre guitaristes, supportés par deux techniciens qui ne chômeront pas durant une heure. Après quelques problèmes techniques, la bande démarre sur Anemone.
Anton Newcombe et Matt Hollywood se partagent le chant tandis que Joel Gion – affublé d’un pull et d’un bonnet pour le moins ridicule – assure les essentielles maracas. A voir tous ces gars jouer à l’unisson, on peut presque parler d’exploit compte-tenu de leurs débuts chaotiques, même si la formation a gagné en stabilité ces dernières années. En guise de conclusion, le Brian Jonestown Massacre lance Straight Up and Down avec Hey Jude des Beatles en outro. De quoi bien démarrer cette journée donc.
Refused, Alabama Shakes, Lana Del Rey
On passe très vite sur Refused – qui semble toutefois avoir réussi son retour après plus de 10 ans d’absence – pour rejoindre la Grande Scène qui accueille le blues rock d’Alabama Shakes, sans doute la plus belle surprise de ce festival. Les vocalises lascives de Lana del Rey – qui joue à la même heure – font pale figure à coté de la voix soul et éraillée de Brittany Howard qui se donne à fond pour ambiancer une Grande Scène un peu boudée à tort pour sa rivale de blonde. On ne peut que conseiller l’écoute de Boys & Girls des Alabama Shakes en attendant leur passage en salle !
Par curiosité, on tente une percée sur la Scène de la Plage plus que comble, ne serait-ce que pour apercevoir la robe sexy de Lana Del Rey, sans succès. Quant au son… On entend mieux les conversations agitées de ses voisins de coude que la jeune new-yorkaise, alors on retourne patienter tranquillement devant la Grande Scène tout en écoutant d’une oreille distraite Poliça, dont on préfèrera écouter l’album sombre et cafardeux Give You the Ghost au calme.
Jack White enfile sa Fender Telecaster et démarre avec Sixteen Saltines
On en vient finalement au climax de cette journée, la venue de Jack White, accompagnée cette fois-ci du talentueux groupe exclusivement féminin The Peacocks. Ce soir, l’ex-fétichiste du rouge et blanc est décidé à flanquer une belle rouste bien méritée à toute la fosse en ébullition. Avant même son arrivée, la batteuse Carla Azar (du groupe Autolux) claque une gifle monumentale à l’ensemble de ses fûts et cymbales, histoire de bien montrer qu’elle n’est pas là pour faire semblant. Jack White débarque le visage fermé et le pas résolu, enfile sa Fender Telecaster d’un bleu aussi éclatant que les magnifiques lumières du même ton, et démarre tout-de-go avec Sixteen Saltines. L’enchainement avec Dead Leaves and the Dirty Ground du temps White Stripes fait le lien avec les deux singles de son dernier album Blunderbuss.
Jack White nous donne même un aperçu de sa déjà riche discographie avec Top Yourself des Raconteurs et Blue Blood Blues des Dead Weather. Entre deux riffs puissants et crasseux, l’Américain enfourche son piano sur I Guess I Should Go to Sleep, prouvant à qui veut l’entendre son talent de multi-instrumentiste. Pour la blague, il nous balance un « Hello… Somewhere in France ! » d’un ton condescendant, le sourire en coin. Finalement, la tension électrique déversée le temps des huit premiers titres finit par faire sauter le courant. Jack White démarre alors We’re Going to Be Friends en acoustique, un beau geste qui restera inaudible pour la majorité du public malgré les « shhhhhhhht » désespérés des premiers rangs. Le reste du set offre un condensé des morceaux les plus imparables de ses précédentes formations. Jack White conclut sans rappel par un Seven Nation Army, l’occasion d’éclabousser de boue le jean de son voisin et les jambes nues de sa voisine (plus drôle encore) en quelques bondissements massifs et sauvages.
Ereintés et repus après ces deux journées exceptionnelles, on s’éclipse sans voir Miles Kane, l’air de Seven Nation Army imprimé bien au fond du crâne. Merci aux organisateurs pour cette nouvelle édition réussie des Eurockéennes, une de plus à avoir dépassé les 100 000 spectateurs. Longue vie aux Eurockéennes de Belfort, et à l’année prochaine !
/// Textes : Edouard Doret /// Crédit photos : © Pierre Hennequin ///
11 choses que vous ne saviez pas sur les Cure
« Robert Smith a joué avec Siouxsie and the Banshees, oui, je sais » pestez-vous devant votre écran. Mais savez-vous vraiment tout sur les Cure. Pour vous en convaincre, Pixbear a rassemblé 11 anecdotes concernant cette formation devenue culte.
Jack White : les 33 bonnes paroles d’un enfant du blues
Des White Stripes à son label Third Man Records, de sa carrière solo à ses collaborations (The Raconteurs, The Dead Weather…), Jack White fait rayonner le blues, la folk et le rock. Pour lui rendre hommage, Pixbear a rassemblé 33 citations qui en disent long sur sa personnalité.
Lana Del Rey : les 41 bonnes paroles d’une artiste nostalgique du glamour hollywoodien
Révélée en 2011 grâce au single viral Video Games, Elizabeth Woolridge Grant, alias Lana Del Rey, est parvenue à se faire une place sur la scène musicale internationale avec une imagerie orientée cinéma américain des 50’s et 60’s, emprunte de mélancolie et de mésaventures amoureuses. Pour lui rendre hommage, Pixbear a rassemblé 41 citations qui en disent long sur la personnalité de cette artiste nostalgique du glamour hollywoodien.