Photos Festival Les Inrocks Black XS du 4 novembre 2010
Le 4 novembre 2010, le festival Les Inrocks Black XS prenait ses quartiers à la Cigale et la Boule Noire devant un public venu nombreux pour apprécier l’affiche concoctée par le célèbre magazine. Après les apéritifs The Acorn et John Grant, le plat de résistance était constitué de Beach House, Midlake et Darwin Deez. Le dessert se présentait sous la forme de la révélation Anna Calvi.
« Vous pouvez parler et faire l’amour en écoutant cette chanson »
La soirée commence doucement avec le groupe canadien The Acorn. Devant une Cigale dégarnie, le quintette entre en scène dès 19h. Au fur et à mesure, la fosse se remplit au son de la formation qui produit une folk enlevée soutenue par la présence d’un batteur et d’un percussionniste. « Nous sommes honorés d’être à l’affiche du festival Les Inrocks avec John Grant, Beach House et Midlake » lance le frontman Rolf Klausener devant un parterre de spectateurs un peu trop calme.
Il essaie de chauffer la salle en expliquant qu’une des chansons du groupe est sur le sexe et les gens. « Vous pouvez parler et faire l’amour en écoutant cette chanson » explique-t-il avant d’enchaîner sur une ballade légère. Malgré les chevauchées du groupe, le public reste de marbre. Pourtant, la présence cumulée du batteur et du percussionniste apporte une vraie puissance rythmique… Dommage. Au bout de 30 minutes, The Acorn rend les armes. La Cigale applaudit poliment.
John Grant suscite la curiosité
A 19h50, c’est au tour de John Grant de se frotter au public parisien. Pour le coup, il reçoit un bien meilleur accueil que ses prédécesseurs. Il faut dire que la Cigale est pratiquement remplie à l’arrivée de l’ex-chanteur des The Czars, renfort à l’occasion de Midlake et des Flaming Lips. Avec un pédigrée pareil et un premier opus Queen of Denmark enregistré en collaboration avec Midlake, le bonhomme suscite la curiosité. C’est donc avec attention et dans un silence de cathédrale que le public écoute ses chansons. Pour l’occasion, John Grant est accompagné d’un claviériste avec qui il échange de temps en temps son synthé.
Malgré un spectacle peu expansif, le chanteur se tenant tour à tour derrière son micro et derrière son clavier, la Cigale a l’air d’apprécier et se laisse porter par sa voix pénétrante. Les compositions sont majestueuses et dégagent une douce mélancolie notamment sur la chanson Queen of Denmark pleine d’intensité. Peu loquace, le chanteur lâche pour finir un « merci, bonsoir » et s’en va après 30 minutes de concert.
Beach House nous transporte au pays des rêves
Les organisateurs gardent le rythme puisqu’un quart d’heure après la sortie de scène de John Grant, Beach House prend déjà le relais. La chanteuse d’origine française Victoria Legrand et le guitariste américain Alex Scally sont entourés d’un bassiste, d’un clavier et d’un batteur. Sous des lumières violettes et roses, un mur d’étoiles qui s’illumine derrière lui, le groupe reçoit un accueil tonitruant et enchaîne des chansons indie pop mélodiques. La voix de Victoria gorgée de reverb et des choeurs lascifs font tomber la Cigale sous le charme.
Même si le light show reste quasiment le même du début à la fin, les spectateurs voyagent dans un univers ouaté construit principalement autour des chansons du troisième opus du duo Teen Dream. Ce disque bien nommé transporte au pays des rêves avec des chansons romantiques aux ambiances progressives. Derrière son clavier, Victoria mène la danse avec une voix puissante. Le voyage prend fin à 21h20 sous les acclamations de la salle.
Midlake oscille entre indie folk ascendante, psychédélisme et ambiance feutrée
En attendant que Midlake se présente, le rideau rouge tombe sur la scène. Les roadies installent deux micros. Le festival Les Inrocks Black XS réserve une petite surprise aux spectateurs. Le duo franco-suédois MAI assure un interlude soyeux. On avait pu le voir en première partie de Karen Elson à la Boule Noire en septembre dernier dans des circonstances un peu particulières. On le retrouve un bref instant toujours avec sa folk paisible. C’est ensuite au tour de Midlake de faire son entrée. Il est 21h45 lorsque les lumières s’éteignent à nouveau.
Le set des Texans oscillent entre indie folk ascendante, psychédélisme et ambiance feutrée où s’enchevêtrent guitares acoustiques et flûte traversière. La majeure partie du groupe se tient en ligne sur le devant de la scène. Le septette pose ses ambiances mellow avec une maîtrise acquise au cours de ses dix ans de carrière. Le public se balance jusqu’à la dernière note, d’autant plus qu’une nouvelle surprise de taille vient achever la soirée. Jason Lytle (Grandaddy) monte sur scène et interprète la chanson de son groupe A.M. 180 accompagné par Midlake. A 23h, la joyeuse troupe quitte la scène et les festivaliers envahissent le Boulevard Rochechouart.
Darwin Deez brille par son look improbable, ses cheveux bouclés et sa petite moustache
Certains restent là à faire le bilan de la soirée. D’autres se dirigent dans la Boule Noire attenante pour savourer le concert d’Anna Calvi. Avant d’écouter cette révélation rock, la petite salle accueille Darwin Deez. Le musicien new-yorkais accompagné de sa joyeuse bande font plaisir à voir. Intercalant dans son set des chorégraphies aussi loufoques qu’énergiques sur des musiques pas toujours du meilleur goût, l’Américain brille par son look improbable, ses cheveux bouclés et sa petite moustache mais également par sa musique lo-fi qui touche au sublime.
Il passe en revue en 30 minutes les meilleurs titres de son premier album éponyme. Ses compositions sont simples mais les mélodies sont tellement cools que la Boule Noire gigote à l’unisson, notamment sur le très Strokes Radar Detector. Après une dernière chorégraphie étonnante, le New Yorkais remballe la marchandise laissant derrière lui un public bien chaud.
Anna Calvi impressionne par sa voix fantomatique
Anna Calvi, qui assurait il y a une semaine la première partie de Nick Cave à la Cité de la Musique, clôture cette soirée en beauté. A 23h30, la chanteuse guitariste, que certains comparent déjà à Jeff Buckley alors qu’elle n’a même pas encore sorti d’album, monte sur scène accompagnée d’une claviériste / percussionniste et d’un batteur. Rapidement, elle impressionne par sa voix fantomatique, son jeu de guitare et son univers où se croisent blues, pop, flamenco, romantisme et inspirations plus lugubres. Sa prestation ne dire que 35 minutes mais elle suffit à convaincre le public.
Bilan de cette soirée du festival : des ambiances délicates à la Cigale et une vraie révélation à la Boule Noire. La cuvée 2010 s’annonce comme un grand cru !