Photos Festival Les Inrocks Black XS du 6 novembre 2010
C’est sous une pluie ininterrompue (heureusement à l’extérieur) que se déroulait cette troisième soirée de concerts à la Cigale. Le festival Les Inrocks Black XS réunissait le 6 novembre 2010 Young Michelin, La Patère Rose, Warpaint, Local Natives et The Coral pour constituer l’affiche la plus hétéroclite de cette édition 2010. Joie de découvrir de nouvelles têtes, joie de retrouver un visage familier…
Young Michelin fait découvrir un répertoire qui va de la pop au punk
Week end oblige, la soirée débute très tôt. Dès 18h15, le gagnant CQFD 2010 prend possession des lieux. Le quintette de Marseille tout de col roulé noire vêtu entame son set par un instrumental qui pose immédiatement le décor avec son thème de guitare perlé et limpide. Le groupe donne dans une pop new wave connotée The Cure/Indochine. Young Michelin fait découvrir un répertoire qui va de la pop au punk avec des morceaux tels que Je suis fatigué, Copains ou encore Obscène. Parfois, ça sonne un peu comme le Top 50 des années 80 mais les amateurs de new wave à la française retrouvent ici un ambassadeur de choix.
Pour terminer se prestation énergique, la formation livre Teen Whistle, une ballade qui mute en une cavalcade pop rock. Mention spéciale au batteur qui se démène derrière ses fûts ! Une découverte sympathique dont on devrait entendre parler en 2011 puisque Young Michelin va enregistrer à la fin de l’année à New-York un album avec le producteur américain Andy Chase (The Smashing Pumpkins, The Divine Comedy, Tahiti 80).
La Patère Rose : opération sympathie réussie !
Dans une vibe totalement différente, ce sont les Québécois de La Patère Rose qui investissent la Cigale peu après 19h. Emmené par Fanny Grosjean (chant, claviers), le trio propose un set aguicheur fait de chansons aux ambiances variées, allant du trip hop à la pop. Autour de la chanteuse qui porte ce soir une toque en fourrure sur la tête, histoire de rappeler ses origines, et des vêtements signés par les stylistes Morgane et Salomé, Thomas Hébert s’adonne aux programmations et aux claviers tandis que Julien Harbec navigue entre les platines et la batterie. « Merci, La Cigale. Vous êtes prêts à danser ? Come on. C’est l’été chez vous. Rien à voir avec le Québec ! » lance Fanny avant d’accomplir avec ses camarades une chorégraphie à l’ancienne. Le public semble réceptif à la bonne humeur qui émane de La Patère Rose.
Au cours de sa prestation, le groupe reprend Le Tourbillon de la vie en lui redonnant un petit coup de jeune mais présente également ses chansons L’Eponge, Décapote ou encore Pépé. La chanteuse dégage une énergie incroyable. Pour terminer en beauté, La Patère Rose invite la Cigale à apprendre sa chanson Avec toi dedans. C’est facile, il n’y a que quatre lignes à retenir. Le groupe commence donc par une ambiance intimiste de type boîte à musique et monte petit à petit en puissance. Puis, c’est le break et la Cigale chante comme par magie. C’est gagné. Opération sympathie réussie ! Sous des applaudissements fournis, les Québécois s’esquivent.
Warpaint : jamais descendre dans une cave ténébreuse n’aura procuré autant de plaisir
Après cette demi-heure placée sous le signe de la bonne humeur, Warpaint est attendue au tournant. Les Californiennes viennent de sortir un premier opus intitulé The Fool qui fait grand bruit. C’est donc une chance de pouvoir les accueillir dans une salle aussi intimiste. A 19h55, le quatuor monte sur scène et pose immédiatement une ambiance vaporeuse brisée par l’entrée de la batterie. La batteuse Stella Mozgawa se déchaînent derrière ses fûts. Warpaint nous convie dans un univers 80’s fait de guitares à la reverb tremblotante entre rock sombre et phases un peu groovy chantés en duo ou en trio.
Ces filles ont un pouvoir hypnotique fascinant notamment sur la chanson Undertow. Les voix, mélodieuses et serpentantes, se posent sur des compositions aux structures alambiquées où percent tension, désespoir et sensualité. Ce cocktail est vivement apprécié par les spectateurs qui réservent à chaque fin de morceau une véritable ovation au quatuor. Jamais descendre dans une cave ténébreuse n’aura procuré autant de plaisir ! Warpaint achève sa prestation de 40 minutes sur Elephants, extrait de son premier maxi. La Cigale est aux anges et en aurait bien repris encore une petite louche… Mais le planning du festival est ainsi fait. Les filles doivent vite laisser leur place à Local Natives.
Local Natives fait danser les esprits
Pendant que les roadies installent les instruments de Local Natives, deux jeunes filles se présentent devant le rideau rouge. Le duo June & Lula, armé d’une guitare acoustique, présente deux chansons de son premier opus Sixteen Times. Entre folk et country, Céline Bureau et Tressy Geffroy arrivent comme un cheveu sur la soupe mais parviennent à capter l’attention du public.
Après cet interlude qui ne dure pas plus de dix minutes, le rideau rouge se lève sur Local Natives, quintette originaire de Los Angeles dont le premier album Gorilla Manor est précédé d’excellents échos. Pour l’un de ses tous premiers passages en France, le groupe bénéficie d’un accueil énorme. Tout le monde semble être venu ce soir pour le voir. Emmené par Taylor Rice (chant, guitare) monté sur ressort et toute moustache dehors, Local Natives communique son énergie au public. Les membres s’échangent les instruments selon les morceaux et délivrent des choeurs fédérateurs, un peu à la Arcade Fire.
Après une introduction avec Camera Talk, les Californiens présentent leur reprise des Talking Heads Warning Sign réussissant à s’approprier totalement le morceau. Ils enchaînent sur Shape Shifter, un titre plus posé où percent quelques explosions lumineuses et de beaux moments de flottement où il ne reste plus que les voix et la batterie. Local Natives a le soucis de la mélodie et le prouve titre après titre. Il élève les spectateurs sur Wide Eyes. Il dédicace Airplanes à la Blogothèque. Il se transforme en chorale aérienne sur Who Knows Who Cares. En 50 minutes de concert, Local Natives fait tout simplement danser les esprits. Le dernier morceau Sun Hands met La Cigale en transe. Dur de redescendre après cette dernière banderille de 7 minutes ! Mais, il va bien falloir revenir sur terre pour accueillir The Coral.
La Cigale est plus réceptive sur les premiers morceaux de The Coral
La Cigale est toujours pleine à craquer quand les petits gars de Liverpool se présentent. The Coral nous plonge immédiatement en pleine « British Invastion » en enchaînant les titres pop « coupe au bol » 1000 Years, She’s Coming Around ou encore Rebecca You. La formation aime également à placer quelques phases bien rock où elle peut lâcher la purée sur des rythmes au galop, en témoigne Who’s Gonna Find Me? puis revenir à une ballade soyeuse telle que Falling All Around You…
Mais là où la Cigale se montre la plus réceptive, c’est sur les tous premiers morceaux du groupe datant du début de la décennie et qui sont livrés en fin de concert. Say Goodbye, son thème de guitare saturée et ses canons de voix provoquent des sauts incontrôlables dans la fosse. Rebelote avec son single Dreaming of You qui s’accompagne d’une hystérie collective. Dieu que le public est nostalgique ce soir ! En un peu plus d’une heure, The Coral enchaîne 15 titres et clôture en beauté cette soirée éclectique.
Bilan de la soirée : Warpaint donne envie d’en entendre plus, Local Natives s’annonce comme « the next big thing » et The Coral n’a plus rien à prouver mais ça, on le savait déjà !!!