Photos France de Griessen @ Le Nouveau Casino 2011
Depuis le 26 septembre dernier et la sortie dans les bacs d’Electric Ballerina, son premier véritable album solo, France de Griessen est sur tous les fronts, et sur toutes les lèvres. Avant d’enchaîner le lendemain avec la soirée Longueur d’Ondes, parrainée par Didier Wampas, la belle et toute nouvelle égérie post grunge du rock français (et belge aussi un peu) assurait la première partie d’Ina-Ich au Nouveau Casino (Paris), pour un set de présentation très (trop) court mais d’une intensité jouissive qui allait confirmer tout le bien qu’on pouvait attendre d’elle à l’écoute d’Electric Ballerina, album aussi kaléidoscopique que réussi.
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Les nuits rock de Paris ont une nouvelle idole. Son nom, finalement aussi difficile à orthographier correctement qu’il est facile à retenir, circule un peu partout et déchaîne des commentaires aussi spontanés qu’enthousiastes. Elle, que l’on compare déjà souvent à Courtney Love, c’est France de Griessen, artiste pluridisciplinaire (elle est aussi comédienne, illustratrice, auteur) qui a choisi comme toile de fond dominante à tous les domaines qu’elle aborde le rock’n’roll underground tendance New York 70’s.
« Vous voulez pas faire un peu de bruit ? »
Ce soir, la soirée du Nouveau Casino promet d’être bigarrée, avec pas moins de deux premières parties prévues avant la venue d’Ina-Ich, propulsée tout naturellement en tête d’affiche. Nous retrouverons donc les très bruyants MXD et leur metal tout en testostérone, et bien sûr France de Griessen, qui aura le redoutable privilège de lancer les hostilités. Et, même si le Nouveau Casino tarde un peu à se remplir ce soir, France semble avoir été précédée par sa (bonne) réputation, et quelques dizaines d’aficionados attendent déjà fébrilement sa prestation.
Il est 19h30 lorsqu’elle apparaît enfin sur scène, mais désespérément seule. Juchée sur d’improbables bottines lamées à faire baver d’envie une drag queen, la jeune femme paraît d’autant plus longiligne que, sous son ultra mini-short en jean, ses jambes sont restées nues, et arborent fièrement de magnifiques tatouages, dont une portée musicale qui lui ceint harmonieusement la cuisse gauche. Quelques sifflets admiratifs fusent ça et là, mais France s’approche en souriant du micro et lance d’une voix presque candide : « Vous voulez pas faire un peu de bruit ? ». France de Griessen prend visiblement plaisir à brouiller les cartes, ce qui lui donne ce petit plus qui la rend intrigante et qui donne envie de la suivre. Toujours là où on ne l’attend pas, elle a choisi de débuter son set par un morceau tout en douceur, et a cappella s’il vous plait, bien loin de l’ambiance parfois noisy de son album Electric Ballerina. Exercice périlleux (surtout lorsque la voix est encore froide) mais, heureusement, parfaitement maîtrisé.
France est rejointe sur scène par François Maigret, alias Shanka
Comme par magie la fosse s’est soudain densifiée, et des applaudissements nourris résonnent dans le Nouveau Casino, d’autant que France est maintenant rejointe sur scène par François Maigret, alias Shanka, co-auteur d’Electric Ballerina, et surtout guitariste de No One Is Innocent. Réduit à la seule guitare sèche par la crise financière de l’industrie musicale (comme il nous l’expliquera ironiquement un peu plus tard à demi mots), celui qui est également le frontman des Dukes n’en entame pas moins un convainquant You Can’t Put Yours Arms Around A Memory, cover en forme d’hommage à Johnny Thunders, membre influent, disparu trop tôt, des mythiques New York Dolls.
Des références irréprochables, une furieuse envie d’en découdre et d’exprimer toutes les facettes de leurs personnalités complémentaires, le duo a toutes les cartes en main et nous sert maintenant un Will You acoustique tout en rupture. France s’y révèle tour à tour enfantine et sauvage, fragile et même, peut-être, un petit peu cruelle. Elle enfonce encore un peu plus le clou avec So xxx Without You, en forme de ballade désespérée sur laquelle sa voix si gracile se fait soudain plus rugueuse, parfois presque rauque. Prenant !
Puis vient le tour, dans un registre un peu plus « mainstream », de Crois tu qu’on se perd ? et de Perce-Neige, deux titres en Français qui ressemblent à des comptines pour enfants tristes, mais aussi à des singles en puissance, et qui interviennent dans le déroulement du show au moment idéal pour apaiser la tension qui s’était accumulée jusque-là dans un Nouveau Casino qui retenait son souffle.
Un set trop court
Mais le set sera court, et il n’y aura pas de rappels. Reprenant du rythme et revenant à la langue de Shakespeare, le duo entame Older Than You, suivi par un furieux I Want to Be You final qui conclura la prestation de ce soir en forme de feu d’artifice post punk, à la plus grande joie d’un public en transe. France se lâche totalement sur ce titre, et martyrise allègrement son micro en hurlant le refrain avec toute l’énergie dont elle dispose, montrant ainsi toute l’étendue de ses possibilités, qui semblent inépuisables. Le public est sur les rotules.
Mais c’est déjà la fin, et France de Griessen redevient soudain une jeune femme charmante, presque timide. Elle salue la foule qui ne veut plus qu’elle parte, puis elle disparaît en coulisse, satisfaite sans doute de l’effet produit ce soir sur un public dont la majorité n’était pas venue pour elle. Un bon tour de chauffe pour une artiste en devenir, mais qui vient de confirmer ce soir qu’il va désormais falloir compter sur elle.
LA SET LIST COMPLÈTE :
WHAT A GIRL’S GOTTA KNOW (INTRO)
YOU CAN’T PUT YOUR ARMS AROUND A MEMORY (JOHNNY THUNDERS)
WILL YOU
SO XXX WITHOUT YOU
CROIS-TU QU’ON SE PERD ?
PERCE-NEIGE
OLDER THAN YOU
I WANT TO BE YOU