Photos Mastodon @ Le Bataclan 2012
Auteur l’année dernière de son cinquième opus The Hunter, Mastodon se présentait devant un Bataclan sold out avec son lot de titres vengeurs et démoniaques. Résultat : une prestation énergique d’1h40 sans temps mort qui a mis tout le monde d’accord.
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
A 19h30, la salle parisienne est déjà chaude comme la braise pour accueillir Red Fang, quatuor entre metal et stoner originaire de Portland (Oregon) qui a sorti l’année dernière son deuxième album Murder the Mountains. Mastodon a fait un très bon choix en choisissant ce groupe qui sait comment galvaniser un public. Son set de près de 50 minutes suscite les premiers mouvements de foule dans le Bataclan et lui vaut une belle ovation.
La scène vire au rouge dès les premières notes de Dry Bone Valley
Pendant l’entracte, le bar est pris d’assaut. Un brouhaha assourdissant résonne pendant qu’un roadie fait des « yeah » dans le micro et que le reste de l’équipe s’occupe des derniers réglages. Au fond de la scène, on aperçoit le visuel de la pochette de The Hunter. Peu après 20h40, Mastodon entre en scène. Sous des lumières bleues et un vacarme de tous les diables, la guitare de Brent Hinds résonne. Le temps de faire un petit coucou à la salle, le temps d’entendre trois claquements de baguettes et, pan, la scène vire au rouge dès les premières notes de Dry Bone Valley. Sur ce titre heavy dans la lignée de Motörhead, Brent assure un chant mélodique. A ses côtés, le bassiste Troy Sanders, qui occupe le centre de la scène, est bien présent. La puissance du son provoque les premiers mouvements de foule.
A la fin de ce premier titre bien envoyé, Brent laisse larsener sa guitare et lâche les accords de Black Tongue, plus lourd et menaçant. Troy prend le micro alors que des lumières traversent le Bataclan. Mastodon propose un petit changement rythme pour se faire plus thrash à l’ancienne, le tout parachevé par un double solo mélodique à la Metallica. Impérial. Les Américains balancent ensuite le riff à couteaux tirés de Crystal Skull, titre qui agit comme un coup de massue derrière la nuque. Les mises en place sont ambitieuses. La fosse s’agite. Brent nous gratifie d’un solo fleuve sur sa Flying V.
C’est la guerre
Sans pause, les virtuoses poursuivent leur entreprise de destruction massive avec la chanson bien lourde I Am Ahab qui laisse les guitares pleinement s’exprimer. Bill Kelliher n’est d’ailleurs pas en reste et donne des coups de tête nerveux sur la droite de la scène. Des projecteurs balaient le Bataclan, histoire que personne n’échappe à l’apocalypse qui s’abat sur la salle. Le public exprime son contentement quand arrive Capillarian Crest, sa rythmique déstructurée et ses solos en cascade. Troy headbangue puissamment sous les assauts violents. Brent balance un long solo tournoyant en regardant les spectateurs droit dans les yeux. Mastodon propose un désordre sonore organisé au millimètre. C’est la guerre. Ça flingue de toute part.
Le groupe enchaîne et fait taper des mains sur l’introduction de Colony of Birchmen. Brent et Troy chantent ensemble accompagnés par le Bataclan. Sur cet hymne national metal, Brann Dailor enchaîne les roulements de batterie dévastateurs, bien calé derrière sa grosse caisse à l’effigie du guitariste Randy Rhoads. Brent, quant à lui, se déplace tranquillement devant ses trois têtes d’ampli et ses six enceintes… Un bruit lugubre annonce ensuite Megalodon, une chanson en plusieurs parties. On imagine le boulot que ça représente, les heures de répétition qu’il faut accumuler pour arriver à un tel résultat. Mastodon mérite d’être là où il est. Malgré l’énergie, la fosse semble plus calme. Peut-être accuse-t-elle le coup après ces 20 premières minutes de concert dantesques.
Les doubles solo sont de sortie à nouveau sur un tapis de grosse caisse
Le groupe maintient la pression avec le plus cool et mélodique Thickening. Le Bataclan en profite pour reprendre son souffle. Et il en a bien besoin lorsque survient Blasteroid, un nouveau coup de blaster dans ta face ! Dans la foulée, l’introduction épique de Sleeping Giant fait mouche. Les spectateurs tapent des mains et reprennent en choeur la chanson, les bras tendus vers la scène. Les gratteux s’en donnent à coeur joie. Mastodon poursuit dans cette veine plus posée mais toujours aussi puissante avec Ghost of Karelia. Brann joue avec les rythmes et la fosse retrouve définitivement des forces.
Et elle en a besoin pour encaisser All the Heavy Lifting. Les Américains remettent les gaz emmenés par le chant conquérant de Troy. Le refrain heavy est repris en choeur. Les changements de rythmes s’enchaînent et les doubles solo sont de sortie à nouveau sur un tapis de grosse caisse. Le quatuor enfonce le clou avec le thrashy Spectrelight. La fosse est en ébullition. Les coups d’épaule se multiplient alors que Troy, Brent et Bill se rassemblent au milieu de la scène et que Brann rentre dans le lard. Et c’est pas fini.
L’agressivité est toujours à son maximum après 1h20 de concert
Le riff de Curl of the Burl soulève une nouvelle fois le Bataclan. Ce titre lourd à la limite du stoner pousse au crowd surfing. Pendant un rare moment de silence, le public se met à crier «Mastodon !». Trois coups de baguettes et ça repart sur Bedazzled Fingernails, lourd comme une enclume. A la guitare, Brent annonce Circle of Cysquatch. Brann se met à tabasser façon combat de rue. La fosse explose devant cette frénésie de violence infernale. Le groupe attaque ensuite nos membres à la tronçonneuse avec Aqua Dementia et sa batterie galopante. Brent, Troy et Bill headbanguent à l’unisson. A la fin du morceau, le bassiste applaudit le Bataclan et lève les pouces.
Brent enchaîne sur Crack the Skye. Tous les bras se tendent vers la scène. L’ambiance est lourde, le chant de Troy menaçant. Les gratteux se font plaisir. Mastodon veille sur le temple metal et ne compte pas lâcher l’affaire aussi facilement. Un nouveau déluge s’abat sur le Bataclan avec Where Strides the Behemoth, un titre plus extrême. Sans temps mort (mais comment font-ils ?), les Américains envoient Iron Tusk. La fosse suit le groupe et se bouscule de plus bel. L’agressivité est toujours à son maximum après 1h20 de concert. Seul, Brent semble montrer quelques signes d’essoufflement. Il faut dire qu’il s’est cassé le pied quelques jours plus tôt et c’est un exploit qu’il soit là ce soir.
Le riff old school provoque une vague de cornes du diable dans la fosse
Mastodon livre le martial March of the Fire Ants qui finit de mettre la salle à feu et à sang avec ses changements de rythmes imprévisibles. Le quatuor distille dans la foulée Blood and Thunder. Le riff old school provoque une vague de cornes du diable dans la fosse. Les spectateurs tendent les doigts vers les gratteux qui se lâchent complètement. Troy alterne entre mélodies et hurlements, pendant qu’un roadie éponge le sol mouillé par un jet intempestif de bière sur la scène (faudrait pas que Brent glisse…). Sur ces entre-faits, Mastodon part en coulisses. Les balcons du Bataclan se lèvent enfin. Les projecteurs balaient la salle sous les hurlements et les sifflets.
Au bout de deux minutes, Troy revient seul et se lance dans l’introduction de Creature Lives. Le reste du groupe le rejoint accompagné de Red Fang qui reprend en choeur cet hymne metal en forme d’adieu. On se croirait presque au stade. On a envie de mettre la main sur le coeur. Le Bataclan chante. Après ce morceau, Mastodon quitte la scène. Brann reste un peu plus longtemps pour remercier le public. « On espère revenir bientôt » lance-t-il à la salle. Il est 22h20. On s’attendait à avoir plusieurs titres en rappel mais on en aura eu qu’un seul. Pas très grave. Le groupe a tout donné sur les 23 titres de sa set list. Mastodon vaut vraiment le détour sur scène. On ne peut que vous conseiller de l’expérimenter au moins une fois dans votre vie.
LA SET LIST COMPLÈTE :
DRY BONE VALLEY
BLACK TONGUE
CRYSTALL SKULL
I AM AHAB
CAPILLARIAN CREST
COLONY OF BIRCHMEN
MEGALODON
THICKENING
BLASTEROID
SLEEPING GIANT
GHOST OF KARELIA
ALL THE HEAVY LIFTING
SPECTRELIGHT
CURL OF THE BURL
BEDAZZLED FINGERNAILS
CIRCLE OF CYSQUATCH
AQUA DEMENTIA
CRACK THE SKYE
WHERE STRIDES THE BEHEMOTH
IRON TUSK
MARCH OF THE FIRE ANTS
BLOOD AND THUNDER
:::
CREATURE LIVES