Photos Nick Cave & The Bad Seeds @ Le Trianon 2013
Alors qu’il vient d’annoncer son retour à Paris en novembre prochain pour un concert au Zénith, Nick Cave & The Bad Seeds lançait cette semaine une tournée de promotion en amont de la sortie de son nouvel opus Push the Sky Away. Le groupe se produisait à cette occasion au Trianon et la soirée fut mémorable !
18h30, ouverture des portes, 19h55, projection du making-off de l’album, 20h30, début du concert… La salle n’est pas remplie que la projection commence à l’heure, inhabituellement tôt donc. Les images sur grand écran nous montrent le groupe en studio et puis Nick Cave, grosse bague et grosse montre en or 70’s, polo manches courtes rayé bleu inattendu sur lui. Étrange entrée en matière.
Sous l’atmosphère vaporeuse et contemplative de l’album, on ressent une assurance sereine et chaleureuse
Les lumières se rallument… puis s’éteignent de nouveau 20 minutes plus tard. Le concert commence et le monde peut s’arrêter, Nick Cave est de retour. La salle se bonde. Sur scène, au centre, un piano à queue, au fond, des enfants, 3 en rose flashy, 3 en bleu, 2 choristes, des violonistes, les Bad Seeds, l’étrange Warren Ellis et Nick Cave… Et au loin derrière les rideaux sur la droite, une écurie de guitares suspendues attendent.
Nick Cave, silhouette élancée, costume noir corbeau cintré, nous lance, le sourire en coin, qu’ils joueront Push the Sky Away dans son intégralité et dans l’ordre avant de nous gratifier, si nous nous « tenons bien », de plusieurs anciens morceaux. Et c’est donc sur We No Who U R qu’ils démarrent, puis le groupe enchaîne parfaitement coordonné. Sous l’atmosphère vaporeuse et contemplative de l’album, on ressent une assurance sereine et chaleureuse. Nick Cave échange avec le public, blague. Quelqu’un lui lance que le concert est « awesome ». Il répond « fucking awesome! » puis lance un « the kids!!!! » et s’excuse auprès des petits choristes britanniques accusant l’effronterie française. Il est concentré mais détendu.
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
L’album, sublime de justesse, semble être une extension des précédents sans y ressembler
Six morceaux s’enchainent sans que l’on ne voit le temps passer, on lit Dostoïevsky dans Jubilee Street puis le mi-amusé, mi-désabusé Mermaids, We Real Cool puis le réveil en sursaut amer et plein de catastrophes de Finishing Jubilee Street. Nick Cave a atteint un tel niveau de maîtrise de sa voix que tout semble être évidence et fluidité, les arrangements, les paroles.
L’album lui-même, sublime de justesse, semble être une extension des précédents sans y ressembler, une fleur à la couleur et la forme inattendues qui aurait éclos avec le plus grand naturel, poussant vers la lumière, l’oeuvre des Mauvaises Graines et de Nick Cave qui continuent sur le magique et délicat Higgs Boson Blues, Dieu est une particule et le monde est insensé, et clôturent cette première partie par la sombre mélodie de l’optimiste Push the Sky Away, sobre, posé, juste. Les lumières sont bleues.
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
Le concert de 2 heures se termine par le tonnerre de Stagger Lee
Nick Cave nous annonce ensuite que nous allons entamer la seconde partie du concert. Derrière les rideaux sur la droite, les guitares sont prêtes, From Her to Eternity débute et l’atmosphère se tend. L’arrangement frôle ici l’indus de Neubauten. Puis se succèdent des morceaux chacun issu d’un album différent, Nick Cave et les Seeds se déchaînent. Au cinquième titre de cette deuxième partie, narquois, Nick Cave nous dit avoir atteint le sommet de la perfection… Puis, plus sombre, nous explique qu’il ne fait que chuter depuis.
Jack the Ripper, son monstre parfait, tranche l’air, cisaille, hurle, apprend aux suffisants ce qu’est la rage authentique, leur conte une vie d’écorché. Deanna, plus léger, apaise avant que Nick Cave ne prenne une posture plus mélancolique et romantique sur Your funeral… My Trial et Love Letter. Sur The Mercy Seat, la salle exulte. Et le concert de 2 heures se termine par le tonnerre de Stagger Lee…
Comme aspiré dans une forme d’exaltation, on touche presque à la croyance. Dans cet album plus encore que dans les précédents, au risque de contrarier Nick Cave, il a ici le génie de faire se fracasser les éléments les uns contre les autres dans une lenteur impossible et douloureuse, le temps est figé, on l’écorche seconde par seconde. Dans Water’s Edge, où il nous dit que le temps nous rend froid avant de plonger avec les sirènes auxquelles il croit autant qu’en Dieu, il nous donne envie d’être aussi habités, d’avoir une vie du même éclat. Après un tel concert au Trianon, on se dit que la plupart des groupes devraient aller ranger leur musique propre et marketée.
*** Les photos ne sont pas libres de droits /// All rights reserved ***
LA SET LIST COMPLÈTE :
WE NO WHO U R
WIDE LOVELY EYES
WATER’S EDGE
JUBILEE STREET
MERMAIDS
WE REAL COOL
FINISHING JUBILEE STREET
HIGGS BOSON BLUES
PUSH THE SKY AWAY
FROM HER TO ETERNITY
RED RIGHT HAND
O CHILDREN
THE SHIP SONG
JACK THE RIPPER
DEANNA
YOUR FUNERAL… MY TRIAL
LOVE LETTER
THE MERCY SEAT
:::
STAGGER LEE