Photos No One Is Innocent @ La Cigale 2011
A chaque fois que No One Is Innocent sort un nouvel album, il donne rendez-vous à ses potes et à ses fans à la Cigale. Cette année encore, les aficionados du combo parisien avaient répondu présents pour découvrir le petit nouveau Drugstore sur scène. D’autant plus qu’en cette période trouble où l’on annonce Marine LP au second tour de la Présidentielle 2012, une bonne piqûre de rappel anti-xénophobe ne fait vraiment pas de mal.
*** Les photos ne sont pas libres de droits ***
Pour échauffer les esprits et les jambes, Bagdad Rodeo assure la première partie de No One Is Innocent. Auteur d’un premier album éponyme paru en juin dernier et réalisé par Shanka de No One, le groupe en costume noir cravate blanche fait parler la poudre à grands renforts de paroles engagées et de guitares furieuses. Achevée sur un Monde de Merde du plus bel effet, sa prestation généreuse, franche et directe est saluée par des applaudissements sincères et fournis. Il est 20h45. Le temps est venu de se rincer le gosier et de préparer ses cordes vocales pour No One Is Innocent.
« Vous êtes en forme ce soir. On est en forme nous aussi »
25 minutes plus tard, l’obscurité s’abat sur la Cigale. Dans une ambiance de guerilla, les sifflets, les applaudissements et les cris accueillent No One Is Innocent. Immédiatement, il dégaine le punky US Festival, morceau d’ouverture de Révolution.com, qui dénonce l’ingérence américaine. Kémar bondit comme un fauve. Autour de lui, Shanka (guitare), Bertrand (basse) et Yann Coste (batterie, ex-Prohom) s’activent. La Cigale jumpe dans tous les sens.
« Du bruit, la Cigale. Vous êtes en forme ce soir. On est en forme nous aussi » lance le frontman avant d’asséner Les mêmes idées, la même erreur, extrait de Gazoline. Sur le riff rock, Kémar se jette aux quatre coins de la scène. Des projecteurs éblouissent la salle par intermittence. Dès qu’une accalmie frappe le morceau, les spectateurs ne manquent pas de crier leur satisfaction et de taper dans les mains. La basse matraque. Shanka et Yann headbanguent derrière leurs instruments. Le tout projette une immense énergie dans la fosse qui la rend au centuple.
« La jeunesse emmerde le Front National »
Devant un tel engouement, Kémar se frappe le coeur en guise de remerciements. Il est visiblement très heureux de retrouver une Cigale aussi bouillante. No One Is Innocent enchaîne avec Révolution.com, un titre plus posé mais qui fait doucement monter la sauce. « Révolution.com. Ça manque de sueur » éructe le chanteur. En tout cas, dans la fosse, ça ne manque pas de sueur ce soir ! « Allez la Cigale, bouge » lance-t-il. Pendant la chanson, un fan monte sur scène pour danser avec le groupe. Ce sera le premier d’une longue série…
« Tout le monde, les mains en l’air. Donnez le tempo ce soir » lâche Kémar pour accompagner Antipolitique qui nous renvoie quinze ans en arrière. Ce titre tendu déchaîne les premiers crowd surfings. Avec sa voix puissante pleine de testostérone entre Bertrand Cantat et Romain Humeau, le frontman affirme ses opinions contre le fascisme et les failles de la justice française. Dans un esprit très Rage Against the Machine, No One Is Innocent déclenche l’hystérie. Spontanément, à la fin du morceau, la fosse entonne « La jeunesse emmerde le Front National », slogan imparable des Bérurier Noir. Kémar applaudit.
« Nicolas Sarkozy a l’amour de la haine »
« Y’a un mec qui me disait avec Sarkozy, faut arrêter de tirer sur l’ambulance. A celui qui souffle sur les braises pour éteindre l’incendie… Nicolas Sarkozy a l’amour de la haine » balance le frontman pour introduire L’Amour de la haine, extrait de Gazoline. Entre couplets contenus et lâchage rock, No One Is Innocent distille un virulent pamphlet contre le Président. La Cigale approuve le discours. Sans plus attendre, le groupe enchaîne avec Johnny Rotten, premier morceau tiré de son nouvel opus Drugstore joué ce soir. Entre rock et punk, cette chanson est un véritable défouloir. C’est l’occasion pour Kémar d’effectuer un stage diving et de se faire porter par la fosse.
« Merci d’accueillir Fred sur scène » demande Kémar. Le deuxième guitariste se met en place pour distiller Automatic, présent sur Révolution.com. Une fan monte sur scène et hurle dans le micro. Elle danse au milieu de la scène avec le frontman. Après un gros solo de guitare et le gimmick « Nous ne sommes rien mais nous avons tout », la spectatrice finit par rejoindre le public en plongeant sur les bras tendus. « Du bruit la Cigale. Merci mademoiselle ».
« Ne laissons pas les rênes dans les griffes de la hyène »
Kémar et Shanka restent ensuite seuls en scène. « Y’a longtemps qu’on avait laissé dans le tiroir ce morceau. Mais l’actualité me fait le ressortir. On ne veut pas oublier 2002. On ne veut pas redescendre dans la rue si un candidat du Front National est au deuxième tour » explique le chanteur. Accompagné par une guitare acoustique, il interprète la ballade folk rock Où étions-nous ?. « Ne laissons pas les rênes dans les griffes de la hyène »… Ce titre offre une respiration dans le concert et, on l’espère, ne sera plus d’actualité l’année prochaine.
L’accalmie n’est que passagère. « Cette chanson, ça fait des années qu’on la joue, qu’on essaie de délivrer ce message. Allez, la Cigale, faites nous rêver » lance Kémar pour annoncer le morceau emblématique du groupe La Peau. Le gros riff met la Cigale en ébullition et le chanteur enlève sa chemise. Cette ode à la tolérance est reprise en choeur par les trentenaires présents dans la salle mais aussi par un public plus jeune voire très jeune. Certains d’entre eux montent sur scène et se lancent dans des stages diving en rafale. Ça fait plaisir à voir.
« Il est temps que l’on fasse quelque chose pour les Lybiens ! »
No One Is Innocent poursuit avec Chile. « C’est un morceau sur la résistance chilienne. On pense aussi à la résistance en Lybie, en Egypte, en Tunisie. Il est temps que l’on fasse quelque chose pour les Lybiens ! » lance le frontman avant d’asséner cette chanson contre la dictature. « Nous gagnerons même si tu ne le crois pas » reprend en choeur la Cigale. L’énergie est énorme. Pour soutenir le moral des premiers rangs, Kémar leur donne à boire.
« Pendant qu’on est sur la route, on aime bien écouter du blues » confie-t-il. « On pense à Johnny Cash. On va jouer un morceau de Trent Reznor repris par Johnny Cash. Ca s’appelle Hurt. Je la dédicace à mon père qui aimait bien venir nous voir à la Cigale. De là-haut, il doit bien se marrer ». Dans une configuration guitare/voix, No One Is Innocent a du mal à se hisser à la hauteur de la reprise du Man in Black mais, ici, c’est l’intention qui compte. « Merci à tous. Merci beaucoup » lance le chanteur avant de partir avec Shanka en coulisses. Il est 22h05. Il est encore trop tôt pour se quitter…
« Merci pour toute la sueur que vous donnez ce soir ! »
La Cigale gronde et No One Is Innocent ne tarde pas à revenir. Il livre le poppy Qui je suis, extrait de son nouvel album. Ce titre tombe un peu comme un cheveu sur la soupe après toute l’énergie dégagée pendant le concert. Mais passons. La locomotive se remet en route avec La Peur et son refrain efficace « Si la peur fait bouger, elle fait rarement avancer ». La Cigale apprécie ce retour à la substantifique moelle rock du groupe. La fan, qui avait rejoint le groupe sur Révolution.com, remonte sur scène et se lance dans une nouvelle danse punk. Les musiciens se laissent charmer et entraîner dans la danse. La fosse jumpe à l’unisson. « Merci pour toute la sueur que vous donnez ce soir ! » lâche Kémar.
No One Is Innocent se lance ensuite dans l’alter-mondialiste Le Monde entier, extrait de son nouvel album. Le frontman semble se battre contre un ennemi imaginaire. Un clone, torse nu et grassouillet, monte sur scène et se lance dans du air guitar. Assez cocasse… « Paris, c’est chez nous. C’est à Paris que tout a commencé. Porte de Clignancourt. Merci d’accueillir Faustine ! » lance Kémar. En duo avec la chanteuse, il envoie Paris alors que tous les bras se lèvent dans la fosse. « Est-ce que c’est le bruit de Paris ici ? » hurle-t-il. La Cigale rugit immédiatement. Rien à dire, le frontman sait comment faire réagir une foule. Il remercie les spectateurs en levant le pouce.
« Venez prendre des bonnes vibes sur scène, les filles »
Le groupe incite ensuite à l’invasion de la scène. « Venez prendre des bonnes vibes sur scène, les filles ». Une trentaine de spectateur, hommes et femmes, ne se font pas prier et rejoignent No One Is Innocent sur scène. Le groupe entame alors Drugs, extrait de son nouvel opus. Kémar plonge dans la fosse tout en chantant. La Cigale est totalement en feu. Il remonte sur scène et se place face à ses fans tels un maître de chorale déjanté. A la fin du morceau, le chanteur hurle « Merci à tous. C’était No One. On vous aime ». Cet amour était totalement partagé ce soir. Il donne beaucoup et reçoit tout autant en échange. Les spectateurs présents sur scène le portent en triomphe. La sono de la Cigale lance All Along the Watchtower. Kémar fait applaudir l’ingénieur du son et ses musiciens. « Merci beaucoup. A bientôt La Cigale » seront ses derniers mots.
En 16 chansons et 1h15 de concert, No One Is Innocent a donné ce que son public attendait. Du sang, de la sueur et des larmes… Sa formule traverse le temps et son discours reste toujours d’actualité. Les Parisiens se produiront un peu partout en France dans les mois à venir. A (re)découvrir !
LA SET LIST COMPLÈTE :
US FESTIVAL
LES MEMES IDEES, LA MEME ERREUR
REVOLUTION.COM
ANTIPOLITIQUE
L’AMOUR DE LA HAINE
JOHNNY ROTTEN
AUTOMATIC
OU ETIONS-NOUS ?
LA PEAU
CHILE
HURT (NINE INCH NAILS)
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QUI JE SUIS
LA PEUR
LE MONDE ENTIER
PARIS
DRUGS