Photos Pitchfork Music Festival 2012 /// Jour 2
Le deuxième jour du Pitchfork Music Festival affiche une programmation pour le moins éclectique avec Ratking, Jessie Ware, Wild Nothing, The Tallest Man on Earth, The Walkmen, Chromatics ou encore Robyn et Fuck Buttons. Mais tout vient à point à qui sait attendre : Animal Collective finit par enchanter.
Outfit, Rantking, Jessie Ware…
A 17h45, en ce deuxième jour de festival à la Grande Halle de la Villette (Paris), ça ne se bouscule pas au portillon comme la veille. Les détenteurs d’un pass trois jours ont déjà pris leurs marques et savent qu’il leur suffira de montrer patte blanche (un bracelet bleu) pour accéder aux festivités une fois la fouille sommaire passée. Nous sommes vendredi et la plupart des gens présents à cette heure sont des étrangers qui semblent errer sans véritable but dans l’enceinte du festival. Les anglais de Outfit ont terminé leur set cinq minutes auparavant et c’est maintenant Ratking qui est sur scène.
Le quatuor new yorkais de hip hop expérimental, comme tous les groupes passant en début de soirée à un festival, peine à chauffer la place malgré une puissance sonore étourdissante dans cette immense Halle qui résonne d’autant plus qu’elle est quasiment vide. C’est loin de la scène que nous reconnaissons par moments la touche des premiers Asian Dub Foundation, mais il en faudrait plus pour émouvoir le public clairsemé. C’est dommage car en studio le groupe livre quelques morceaux intéressants, suffisamment déconstruits pour créer une matière qu’il eût été intéressant d’explorer davantage sur scène.
C’est avec Jessie Ware que le public commence à affluer. La jeune femme réussit à motiver la foule par son enthousiasme tangible et sa candeur, mais déçoit au final par un set gentiment R&B rehaussé uniquement par sa voix qui se voudrait suave et qui ne peut suffire à convaincre à elle seule.
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Wild Nothing, The Tallest Man on Earth…
Les festivaliers attendent manifestement davantage du concert de Wild Nothing, Jack Tatum à la ville, qui a fait des émules avec son dernier album Nocturne, pourtant bien moins inspiré que son premier Gemini. La salle est comble au delà de la console où nous sommes allés nous réfugier, espérant y trouver un son plus clair que près de la scène. C’est peine perdue : Jack Tatum a eu beau travailler sa voix depuis ses dernières prestations françaises, elle reste approximativement juste et les sons des différents instruments s’entremêlent sans jamais se distinguer les uns des autres. Déçus nous finissons par abandonner, autour de nous les gens discutent en écoutant d’une oreille distraite et il est temps d’aller affronter la queue pour chercher notre pitance avant le début du concert de The Tallest Man on Earth.
Arrivés quelque temps après le début du set, on découvre un homme musclé en débardeur (la Grande Halle a beau être chauffée, tout le monde a gardé son manteau) dans le plus simple appareil lumineux. Pas de fioritures pour The Tallest Man on Earth qui livre un show dénué de tout artifice, si ce n’est celui de sa voix nasillarde singeant Dylan de bout en bout. L’ensemble n’est musicalement pas mauvais mais sans saveur, et si la salle est bien remplie, on entend surtout les cris de quelques groupies entre chaque morceau. La soirée peine à décoller et on se prend à penser qu’un décor feu de camp sur la plage aurait quand même apporté un peu de peps à ce set. On attend maintenant impatiemment l’arrivée de The Walkmen dont on espère qu’ils sauront insuffler un peu d’intérêt à la programmation de ce deuxième jour de festival.
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The Walkmen, Chromatics, Robyn…
Ça valait le coup d’attendre, enfin les Walkmen arrivent sur scène et donnent un live généreux où les influences ne manquent pas. The Strokes première période (Love is Luck) rencontre ce soir Johnny Cash (Blue as Your Blood) ; la voix d’Hamilton Leithauser met tout le monde d’accord, enfin on entend le public crier, siffler, manifester son enthousiasme : il était temps que les New Yorkais viennent mettre un peu d’ambiance dans la Grande Halle avec leur look tout droit sorti de Madmen (leur artwork sur Heaven est très connoté fifties), on s’attendrait presque à voir June Carter débarquer sur scène.
Mais c’est Ruth Radelet de Chromatics qui vient prendre la suite sur la scène opposée et la chanteuse reste une très bonne surprise malgré le changement radical d’ambiance. Nimbé dans un halo de lumière bleue et rose, le quintet de Portland remporte une quasi-unanimité auprès des festivalières qui ondulent au rythme des pulsations sourdes, tandis que leurs homologues masculins semblent fascinés par la silhouette de Ruth Radelet dont la crinière se détache dans la lumière.
C’est à présent Robyn qui s’apprête à monter sur scène et on assiste une fois encore au lent mouvement de foule qui rejoint par vagues successives la scène où The Walkmen a donné plus tôt le véritable coup d’envoi de la soirée. Après le concert hypnotique de Chromatics, Robyn et son electro pop dynamite l’ambiance et l’enthousiasme des fans qui se déhanchent frénétiquement devant la scène gagne bientôt tout le public. Vu du balcon du bar pro (auquel on a réussi à accéder par quelque miracle lumineux qui a transformé le bracelet bleu en bracelet vert aux yeux du vigile), le spectacle des musiciens en blouse blanche entourant cette Robyn surexcitée qui chante et danse de long en large sur la scène est assez fascinant… mais vite lassant, tout comme le bar pro d’ailleurs et il est temps de descendre prendre place non loin de la console son où sera géré le concert de Fuck Buttons.
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Fuck Buttons, Animal Collective
On comprend avec l’envoi de la musique pourquoi il y a tant de bouchons d’oreilles en libre distribution un peu partout dans le festival. Fuck Buttons balance du gros son, et ceux qui ne sont pas trop ivres (c’est-à-dire pas grand monde) pour ne plus réaliser qu’ils auront perdu 20% de leur capacité auditive le lendemain se dépêchent de fourrer les bouchons oranges dans leurs pavillons. Les deux britanniques se font face sur scène et cette symétrie accentuée par les faisceaux colorés tombant sur eux donne un côté graphique au show du meilleur effet. Les gens dansent au son de ce rouleau electro-compresseur – qui manque toutefois de vraies montées qui claquent -, d’autres regardent, rêveurs, l’énorme boule à facettes qui projette des éclats lumineux sur le plafond.
C’est bientôt l’heure d’Animal Collective, attendu au tournant depuis la sortie de son Centipede Hz qui a beaucoup divisé les fans du groupe. Le show commence avec la découverte d’une scénographie étonnante en forme de bouche flanquée de dents de part et d’autre de la scène. Passée cette première surprise, on attend quelques titres, mais en fait de décollage, les morceaux expérimentaux du dernier album écrasent littéralement le public qui commence à quitter massivement la salle. Nous suivons le mouvement le temps d’aller fumer une cigarette et ne regrettons pas de revenir jeter une oreille que l’on pensait distraite : Animal Collective est en train de prendre son envol et on peut enfin assister à un de ces live dont on a tant entendu parler.
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Pour la première fois du festival, le public danse franchement, bénéficiant de la place qui lui manquait jusqu’à présent. C’est à croire que le groupe a établi une stratégie afin de ne garder que les « vrais », qu’ils gratifient de leurs titres les plus efficaces (My Girls, Brother Sport, Honeycomb), allant jusqu’à leur offrir un long rappel (seul groupe du festival à se lancer). C’est des dents illuminées plein les mirettes que l’on quitte la salle, espérant sans grande conviction retrouver de telles sensations le lendemain.