Photos Sleigh Bells @ La Machine du Moulin Rouge 2012
Depuis leur passage explosif et expéditif à la Maroquinerie l’année dernière, les Américains noisy hardcore pop (on ne sait pas trop bien où les placer) de Sleigh Bells revenaient à Paris pour nous délester de quelques millilitres de sueurs supplémentaires. De 35 minutes, leur show est passé à 50 minutes depuis la sortie de leur deuxième opus Reign of Terror. Et, comme d’habitude, ce fut court et intense.
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Comme à la Maroquinerie, Sleigh Bells annonce son arrivée par un morceau hip hop passé en entier. Le duo, accompagné sur scène d’un deuxième guitariste, n’est pas pressé d’arriver puisqu’il est déjà 22h55 et qu’il faut encore patienter 3 minutes. Ça laisse le temps de compter les 12 enceintes Marshall, 6 à droite et 6 à gauche, empilées sur deux rangées au fond de la scène. Une intro « fin du monde » se met ensuite en route et on aperçoit dans le noir les silhouettes des deux guitaristes, Derek Miller et son compagnon de tournée Jason Boyer.
Alexis ôte sa jacket en cuir. La température monte d’un cran
Rapidement, la déferlante de beats et de guitares de Thru Shred Guitar inonde la Machine du Moulin Rouge. La chanteuse Alexis Krauss entre sur scène comme une furie et hurle dans le micro. Premier constat : elle a minci et son mini-short donne des sueurs froides. Le riff heavy agresse les tympans. Derek et Jason vont d’avant en arrière. Alexis se penche au dessus des premiers rangs. Sleigh Bells est dans la place. Tout saigne…
Les coups de massue redoublent avec le morceau suivant Born to Lose. Alexis propose un chant mélodique qui contraste totalement avec les sons stridents des guitares qui lacèrent les spectateurs comme des couteaux. Pour finir, Derek laisse résonner quelques arpèges avec un effet chorus. Le public lève les bras et acclame le trio. Un larsen annonce ensuite l’assaut de Riot Rhythm qui a un petit air de Beastie Boys. Les guitares hurlent comme des sirènes. On remarque que les choeurs de Derek sont en playback. On se demande alors ce qui est réellement joué en live par le groupe, le son étant tellement noisy et bordélique. Alexis ôte sa jacket en cuir. La température monte d’un cran.
On ne vient pas à un concert de Sleigh Bells pour la qualité du son mais pour en prendre plein la gueule
« Vous vous amusez ? » demande-t-elle à la Machine du Moulin Rouge. La réaction du public est unanime. Mais pas le temps de s’étaler plus longtemps, l’intro d’A/B Machines transforme la fosse en trampoline géant. Un crowdsurfing plus tard, les basses font trembler les murs de la salle. Sous les assauts répétés, le public jubile. Alexis danse au milieu de la scène en profitant de l’espace qui lui est réservé. Et de l’espace, elle va en avoir encore plus sur Kids puisque Derek et Jason désertent la scène. Cette chanson du premier album Treats fait mouche. Le groove est sévère. Avant la fin du titre, les guitaristes reviennent et s’accordent.
Un beat doux sert de transition avant l’envoi de End of the Line plus low tempo mais toujours aussi brutal. Derek joue des arpèges avec un effet chorus. Le son est globalement mauvais (ou noisy) mais personne ne s’en plaindra. On ne vient pas à un concert de Sleigh Bells pour la qualité du son mais pour en prendre plein la gueule. Et là, on en a pour notre argent. Des stroboscopes frénétiques accompagnent le single Comeback Kid et ses beats ultra-agressifs. Les bras se lèvent. Les accords sont lâchés sans retenue. Entre deux parties vocales, Alexis semble faire sa gym sur scène. Marrant.
La Machine du Moulin Rouge danse sous les bombes
« Est-ce que vous êtes prêts ? » lance-t-elle avant que ne partent les programmations de Tell ‘Em extrait du premier album. Ce titre s’apparente à un bombardement. La Machine du Moulin Rouge danse sous les bombes. La noisy pop revient ensuite au galop avec Leader of the Pack. La voix mélodique d’Alexis est noyée dans une apocalypse sonore et un gimmick entêtant de claviers. La chanteuse harangue les spectateurs qui n’ont pas vraiment besoin qu’on les stimule d’avantage vu la sueur qui ruisselle sur leurs visages.
Pour maintenir la pression, des claps annoncent Straight A’s qui déchaînent à nouveau les passions. La salle tape des mains. Alexis s’égosille dans son micro. Dans la foulée, les guitares de Treats montent en puissance alors que les deux guitaristes sont en train de s’accorder. On se demande vraiment ce qui est enregistré et ce qui ne l’est pas… Derek et Jason assènent finalement un riff bien metal avec un gros son d’ampli Marshall. Alexis demande aux spectateurs de crier et leur tend le micro. Sleigh Bells fait mal, très mal.
A la fois frustré et content de s’être fait autant mal-traité
Le beat tribal d’Infinity Guitars, excellente chanson du premier album, divise la salle en deux : ceux qui dansent et ceux qui sautent. Alexis se penche sur les premiers rangs. Le public chante en coeur. Et, soudain, c’est l’explosion hardcore dans ta face. Le beat et les lumières s’affolent. Sur ce, Alexis lâche un petit bisou et le trio quitte la scène. 40 minutes, c’est déjà plus long qu’à la Maroquinerie. On n’ose espérer un rappel… et, pourtant, la musique se remet en route et Alexis revient seule en ondulant. Sous des lumières roses, le rythme plus pop et cool de Rill Rill s’installe. La chanteuse se pose au bord de la scène attirant un essaim de mâle en rut. Alexis finit par descendre dans l’arène et chante au milieu des spectateurs qui n’en finissent plus de danser.
Derek et Jason arrivent sur scène et dégainent Demons. La chanteuse les rejoint. Un gros riff baveux fait bouillonner la Machine du Moulin Rouge. On se demande encore si les choeurs de Derek ne sont pas en playback… Alexis, par contre, chante vraiment en live. Elle s’époumone comme une damnée. « C’est la dernière ! » annonce-t-elle juste avant que des sons de guitares stridents n’annoncent Crown on the Ground. Décidément, les chansons du premier album font bien plus d’effets que celles du deuxième. Les corps se désarticulent dans la fosse.
Cette dernière banderille annonce la mise à mort. A la fin du titre, le trio s’éclipse. Les deux guitaristes n’ont presque pas un regard pour les spectateurs. Il est 23h50. L’apocalypse est terminée et, comme à chaque fois avec Sleigh Bells, on se sent à la fois frustré et content de s’être fait autant mal-traité.
LA SET LIST COMPLÈTE :
TRUE SHRED GUITARE
BORN TO LOSE
RIOT RHYTHM
A/B MACHINES
KIDS
END OF THE LINE
COMEBACK KID
TELL ‘EM
LEADER OF THE PACK
STRAIGHT A’S
TREATS
INFINITY GUITARS
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RILL RILL
DEMONS
CROWN ON THE GROUND