Photos Steven Wilson @ Le Bataclan 2011
C’est l’histoire d’un alchimiste. Un architecte du son connu des rares initiés qui savent seuls admirer ses talents cachés. C’est l’histoire d’un faiseur de songes perdu dans son génie révélé album après album depuis maintenant plus de deux décennies. Steven Wilson est tout ça à la fois. Et il posait à nouveau ses bagages au Bataclan pour soutenir son nouvel album Grace For Drowning. Un pur moment d’extase comme on en vit que trop rarement.
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Derrière le rideau se trame le mystère d’un homme, un artiste esthète jusqu’au bout des doigts. Il n’est jamais devenu grand public et n’a jamais cédé à la facilité. Et pourtant, qu’il soit en solo ou à la tête de Porcupine Tree, tous les observateurs se plaisent à acclamer chacun de ses opus comme la preuve manifeste d’un don surnaturel. C’est donc à ce génie incompris que nous avions donné rendez-vous en ce mercredi soir. Son nouvel album enfin livré, on était impatient de le voir à l’oeuvre.
Chaque composition a plusieurs vies et chaque live sa propre existence
Lumières rouges. Ecran baissé entre la scène et la foule pour mieux diffuser les images subliminales. Accompagné ce soir d’un vrai groupe, Steven Wilson a apporté un soin tout particulier à agencer son show de façon à ce que son public puisse pleinement s’immerger dans la dimension sensorielle du son. Parce qu’en live, les morceaux s’étendent largement au-delà des 5 minutes réglementaires. Dans une veine purement progressive, ils marquent des pauses, rugissent en assauts métalliques, s’appesantissent en nappes cristallines puis recrachent à la figure des solos virtuoses qui laissent sur le carreau. Chaque composition a plusieurs vies et chaque live sa propre existence.
Dès No Twilight Within the Courts of the Sun et Index, c’est flagrant. Les riffs décochés sont clairs et percutants, et la qualité, bien évidemment, au rendez-vous. Musique spectrale et progressive entre fureur et rêverie, dangereusement instrumentale ou soutenue pour un chant neutre comme de la glace, les premiers morceaux envoûtent comme par magie. Après Postcard, le voile s’abaisse et Steven Wilson lâche enfin un timide mais très acclamé « Bonjour Paris » en français dans le texte. Mais c’est trop tard. Le labyrinthe se referme et tout est fait pour que le spectateur perde pieds dans un dédale de sensations oniriques.
Si on n’est pas en Enfer, on n’en est pas loin
Sur le dantesque et très électrique Harmony Korine, les projections nous impriment dans le cerveau des images d’individus à tête d’aigle. Quelques notes de flûte traversière plus loin, Abandonner poursuit l’entreprise et nous embarque dans un univers d’enfants et de poupées sans vie quand le lancinant et très bluesy/prog Like Dust I Have Cleared From My Eye nous fait tutoyer les cieux d’un peu plus près. Si on n’est pas en Enfer, on n’en est pas loin. Et Dieu sait que ça fait du bien. Guitares qui crient, incantations rituelles, dissection en règle.
Steven Wilson nous prévient au bout d’une 1h15 qu’il va tenter une expérience : Raider II. Le ton est grave et la démarche presque funéraire. A l’écoute de ce monolithique morceau long de 20 minutes, on voyage. Nappes de clavier aériennes, volutes cathartiques, guitares entre ombres et lumières, final explosif. Avec ce titre, Steven Wilson le marionnettiste réunit tous les différents états de la vie dans une performance d’art total comme rarement éprouvée.
Puis, en guise de rappel, l’Anglais d’abord revenu s’asseoir sur son tabouret pour nous délivrer le joli Get All You Deserve, nous gratifie de son masque à gaz symbole de l’album Insurgentes. Sous un déluge de feu et de grattes, l’incendie se propage alors. On ne respire plus, on a joui. Le crime était trop parfait.
LA SET LIST COMPLÈTE :
NO TWILIGHT WITHIN THE COURTS OF THE SUN
INDEX
DEFORM TO FORM A STAR
SECTARIAN
POSTCARD
REMAINDER THE BLACK DOG
HARMONY KORINE
ABANDONER
LIKE DUST I HAVE CLEARED FROM MY EYE
NO PART OF ME
VENENO PARA LES HADAS
RAIDER II
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GET ALL YOU DESERVE