Photos Stupeflip @ Le Bataclan 2011
Stupeflip, c’est le groupe que l’on aime détester, le groupe par qui on aime se faire insulter… Après cinq ans d’absence, le Crou refaisait surface sur scène parallèlement à la sortie de son troisième album The Hypnoflip Invasion. Pendant deux soirées, le Bataclan affichait complet pour retrouver Cadillac, MC Salo et King Ju / Pop Hip en très grande forme. Bref et intense…
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Après les discours politiques de Bruno Candida et les digressions vaginales de GiedRé, le Bataclan affiche déjà bien trente-huit degrés au thermomètre en attendant l’arrivée de Stupeflip. Dans une ambiance mouate et une odeur de bière et de sueur persistante, quelques cris impatients s’élèvent dès que les lumières de la salle changent d’intensité et que les fumigènes envahissent l’espace. A 21h00 tapantes, l’obscurité s’installe et un vacarme assourdissant s’élève. L’excitation est palpable. Dans le noir, le DJ du Crou envoie la présentation de Stupeflip. King Ju, Cadillac et MC Salo, accompagnés d’un clavier et d’un guitariste, entrent en scène habillés de soutanes à capuche cachant leurs visages. La grand-messe commence.
« Qui a donné l’ordre de tuer le crou ? Il semblerait qu’il se soit auto-détruit »
King Ju s’assoit avec sa guitare. Cadillac se dirige vers les claviers. MC Salo erre comme un damné. Le groupe entame son concert avec Les Monstres, extrait de son premier album. Sous des lumières rouges, un flow pesant se met en place. L’ambiance est lugubre et un homme se présente avec une tête de monstre pour illustrer la chanson. Il se déplace arc-bouté. MC Salo, placé en hauteur à côté du DJ, danse comme un automate. Cette chanson ramène le Bataclan huit ans en arrière, aux débuts de Stupeflip. Nostalgie… King Ju finit la chanson bras croisés et immobile.
« Le Crou est là pour terroriser la population » crachent les enceintes alors qu’un idole vert fluorescent est amené. Des visages géants bleus et rouges sont projetés sur le fond de la scène. « Qui a donné l’ordre de tuer le crou ? Il semblerait qu’il se soit auto-détruit » annonce le heavy Mon style en Crrr avec ses grosses guitares et son beat bien fat. La fosse s’agite alors que King Ju et Cadillac occupent furieusement la scène. « Faites du bruit pour le Crou ! » lancent-ils. Le Bataclan réagit en masse à leur appel.
Stupeflip reste dans le créneau de prendre son public pour un débile…
« Un jour. Ce soir. Je vous demande d’accueillir l’inimitable, le pitoyable Cadillac » hurle King Ju avant de faire son apparition avec son masque habituel de momie et de dédicacer Hater’s Killar à tous les salauds sur internet. Sur les refrains agressifs, le duo d’aboyeurs répète « Stupeflip, c’est pas n’importe quoi ! » et demande au public de l’accompagner. « Stupeflip ! » hurlent-ils. Le Bataclan répond comme un seul homme « C’est pas n’importe quoi ! ». King Ju lance « Sarkozy ! » mais le public ne se laisse pas prendre au piège et se met à siffler copieusement. Stupeflip reste donc dans le créneau de prendre son public pour un débile… On est rassuré. Non, ils n’ont pas changé.
Après une petite démonstration digne du Mime Marceau pour rejoindre son pied de micro, King Ju présente à son tour ses compères : « Je voudrais vous présenter ce soir une personne très chère à mon coeur. Je vous demande d’accueillir l’égorgeur, l’incroyable, l’indécrottable Cadillac… Et spécialement ce soir, nous avons MC Salo avec nous ! ». Le trio se renvoie la balle sur Stupeflip réservé aux « couche-tard qui ne pensent qu’à boire ». Les spectateurs se reconnaissent et chantent les paroles. Les premiers crowd surfings se mettent en place. L’ambiance retombe ensuite avec l’arrivée d’une boule à facettes et d’un instru techno (abo)minable.
« En 2003, on a fait Je fume pu d’shit. J’aime pas trop mais on va la faire »
Cette ambiance de boîte de nuit ringarde annonce l’arrivée de Pop Hip, l’alter ego lisse de King Ju. « Est-ce que ça va ce soir ? » hurle-t-il avec ses lunettes de soleil rouges. Le concert change du tout au tout avec la chanson pop 80’s Gaëlle. La fosse jumpe. Cadillac est aux claviers et MC Salo reste impassible. Le Crou joue la carte de la ringardise au troisième degré et le public le suit avec le sourire. Des spectateurs arrivent même à crowd surfer sur le morceau. Un exploit ! « Y’a des gens qu’aiment pas Pop Hip ? » crie le frontman. « Vous allez arrêter de crier maintenant. C’est pas bien. En 2003, on a fait Je fume pu d’shit. J’aime pas trop mais on va la faire ».
Après un petit taquet à Bernard Lavilliers, Nolwenn Leroy et Christophe Maé, Stupeflip livre donc son single le plus connu dans une version robotique inédite, plus rapide que l’original. On ne sait pas si c’est cette version ou la chaleur, mais une spectatrice est évacuée par la scène suite à un malaise… « Salut, c’est Pop Hip. Où qu’elle est ma serviette ? Je veux piquer une crise comme une star ! » s’écrie le chanteur avant de livrer le pop punk Pop Hip’s Revenge. A la fin du morceau, n’y pouvant plus, Cadillac tire sur le frontman avec un flingue. Des voix de prêtes résonnent et le corps de Pop Hip est emmené en coulisses au son d’une pseudo marche funèbre.
« Y’a des moments de creux mais, moi, j’adore ça »
Les deux visages bleus et rouges réapparaissent confirmant que Pop Hip est bien mort. King Ju revient et s’assoie devant son micro pour délivrer le plus calme Le Spleen des petits accompagné de projection d’arbres morts sur la scène. Le DJ enchaîne par un beat lourd et la phrase en boucle « It’s a cold world ». King Ju arrête la musique. « Y’a des moments de creux mais, moi, j’adore ça » explique-t-il. « On va parler de la condition des artistes en France. Ça va être bien relou ». Le Crou s’installe autour d’une table basse. Le frontman fait monter un jeune spectateur. « C’est quoi ton morceau préféré de Stupeflip ? ». « Tous ». « Tous ? C’est impossible, même moi je les aime pas tous ! ». Il lui demande de se mettre à genoux devant la table puis le congédie gentiment par un « Casse toi » bien cinglant.
Cadillac se met alors à raconter la fameuse histoire de Casimir, moment d’anthologie du premier album de Stupeflip. Le Crou s’excite. MC Salo casse la table. Puis, le groupe balance Apocalypse 894. « Amenez les masques de marketing » lance King Ju. Une pluie de masques tombe des gradins dans la fosse. « Mettez tous vos masques. On va prendre une photo. Levez les bras » demande le frontman à la fin de la chanson. « On est désolé mais ça va être le dernier morceau. On est fatigué. Le dernier morceau s’appelle Stupeflip Vite ». Le Crou balance de nouveaux flows agressifs et un beat qui fait saigner les oreilles. Stage divings, crowd surfings se multiplient. King Ju et sa bande quittent ensuite la scène, laissant un bruit sourd résonner. Les sifflets et les huées répondent à cette provocation sonore. Il n’est que 22h. Le Bataclan en attend un peu plus.
« A bientôt bande de merdes »
Le DJ revient et lance l’introduction d’A bas la hiérarchie. Ce classique de Stupeflip ravive les velléités des spectateurs. La fosse saute copieusement. King Ju fait chanter les premiers rangs dans son micro. Cadillac est agrippé à ses claviers. On s’attend à reprendre une bonne dose de titres mais un « A bientôt bande de merdes » résonne comme une douche froide. Le Crou repart en coulisses. Le DJ revient pour lancer le morceau La Menuiserie et son gimmick « Prendre des petits bouts de truc et les assembler ensemble ». Il interrompt la chanson et s’en va. Les sifflets repartent de plus bel mais, cette fois, les lumières se rallument. Les spectateurs croient encore au retour du groupe mais, à 22h10, la musique d’ambiance reprend ses droits et donne le signal du départ.
Stupeflip nous aura donc laissé un goût amer dans la bouche. C’est un peu frustré que l’on s’éloigne du Bataclan. Est-ce une tactique du Crou de donner une courte prestation au Bataclan pour forcer ses fans à revenir le 1er novembre prochain à l’Olympia ? En attendant, le groupe aura le temps de roder son spectacle en enchaînant les festivals cet été !
LA SET LIST COMPLÈTE :
INTRO
LES MONSTRES
MON STYLE EN CRRR
HATER’S KILLAH
STUPEFLIP
GAËLLE
JE FUME PU D’SHIT
POP HIP’S REVENGE
LE SPLEEN DES PETITS
APOCALYPSE 894
STUPEFLIP VITE
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A BAS LA HIERARCHIE
OUTRO (LA MENUISERIE)
/// Textes : Mr. Grieves /// Crédit photos : © Joëlle Rasoarivelo ///
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