Photos The Raveonettes @ La Machine du Moulin Rouge 2011
Après avoir sillonné pendant deux mois l’Amérique du Nord pour défendre leur cinquième album Raven in the Grave, qui a enthousiasmé leurs fans et largement convaincu les critiques depuis sa sortie début avril, les Raveonettes ont débarqué en Europe pour une tournée qui pourrait bien leur faire franchir un palier important sur le long chemin qui mène à la reconnaissance internationale. La semaine dernière, c’est à la Machine du Moulin Rouge que les deux Danois exilés aux Etats-Unis avaient rendez-vous avec leur public parisien, impatient de découvrir en live leur nouveau son, moins pop, et surtout beaucoup plus sombre.
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Il est 19h30, et c’est l’heure à laquelle la Place Blanche commence à prendre des allures de lupanar géant. Devant l’entrée du célébrissime Moulin Rouge, c’est un balai fiévreux d’autocars venus du monde entier pour déverser sur le boulevard des flots ininterrompus de touristes endimanchés. Se mêlant, bien qu’à contre-courant, à l’immense file qui se forme aux pieds du célébrissime cabaret parisien, il y en a une autre, plus modeste, mais d’une autre couleur, qui conduit aux entrailles de l’ex-Loco, rebaptisée depuis la Machine du Moulin Rouge. Ici, les costumes cravates et les robes de soirée font place aux jeans usés et aux T-shirts affichant le nom des Raveonettes, dans une typographie reprenant celle du tout récent dernier album du groupe Raven in the Grave.
La sobriété des compositions du dernier album et, surtout, son ambiance plus dark lui a attiré les faveurs d’un nouveau public
Il faut dire que si ce dernier opus a un peu surpris les fans de la première heure, habitués depuis Chain Gang Of Love à cette rythmique surf reconnaissable entre toutes et marque de fabrique du duo jusqu’au précédent In And Out Of Control, la sobriété des compositions du dernier album et, surtout, son ambiance plus dark lui a attiré les faveurs d’un nouveau public, plus proche de l’univers des Jesus and Mary Chain que de celui de Chris Isaak.
C’est pour cela qu’il y a autant d’effervescence autour du concert de ce soir, qui doit impérativement confirmer la bonne impression laissée par Raven in the Grave. Dans le long couloir qui mène à la salle proprement dite, dont la fosse commence doucement à se remplir, un titre revient constamment dans les discussions d’avant concerts. C’est celui du très fantomatique Apparitions, que les fans semblent considérer comme le morceau emblématique de la nouvelle orientation musicale prise par les Raveonettes. Tous espèrent bien sûr avoir l’occasion de le découvrir ce soir en live.
Giana Factory, porté par la beauté glaciale de Loui Foo
Pour l’instant, c’est une autre forme d’apparition qui nous est proposée avec l’entrée sur scène du trio exclusivement féminin de Giana Factory, dont la figure de proue n’est autre que Loui Foo, la talentueuse petite sœur de Sharin, chanteuse et bassiste des Raveonettes. Portée par la beauté glaciale de Loui, véritable gravure de mode à la voix volontairement distanciée, la formation ne met que quelques mesures pour imposer son esthétique industrielle sans concessions à un public ravi de la tournure prise par la soirée qui s’annonce.
Un peu plus tard, alors que le rideau s’est refermé sur la scène après le passage des Giana Factory, un puissant et très désagréable effet larsen vient soudain rappeler l’arrivée prochaine des Raveonettes. La salle se réveille immédiatement, et c’est un feu nourri de hurlements enthousiastes qui ponctue la réouverture de l’immense toile qui séparait le groupe de son public.
La Machine s’emballe, et rien ne semble pouvoir l’arrêter
Les flots crépusculaires de profondes lumières rouges inondent alors la salle, tandis que les deux guitaristes de la formation entament l’intro aussi sombre que dansante de Recharg & Revolt, histoire de donner le tempo de la soirée à venir. Sharin, coupe au carré parfait et sage chemisier à poix, procède encore aux derniers réglages de son micro quand apparaît enfin sur scène l’autre membre fondateur des Raveonettes, Sune Wagner, sans guitare mais bière à la main, vêtu d’un simple T-shirt blanc frappé d’un immense « R » qui veut dire « Raveonettes ».
On sait où l’on est, et pourquoi on est là. Tout en sautillant timidement sur place, Sune se saisit alors de son micro, et fait parfaitement surnager sa voix juvénile par-dessus les lignes entremêlées des guitares, bientôt rejointes par la basse classieuse de Sharin. La Machine s’emballe, et rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Les Raveonettes, ce soir, ont presque tout misé sur leurs compositions les plus récentes
Moins de reverb que sur disque, mais un son plus lourd qui colle parfaitement à l’ambiance de la scène, plus orientée rock, ce qui ravit les fans. Même sur War In Heaven, au tempo relativement lent, les voix jumelées de Sune et Sharin restent constamment soutenues par une batterie sourde et mécanique, ce qui contribue à densifier le titre, sans rien enlever au final aérien du morceau.
Côté setlist, tout l’album Raven in the Grave y passe (hormis Summer Moon) car les Raveonettes, ce soir, ont presque tout misé sur leurs compositions les plus récentes, ce qui n’est pas forcément une habitude prise par les formations qui ont une discographie aussi fournie que la leur. Pas de nostalgie outrancière donc, et le public adhère entièrement.
Quelques petites perles issues de leurs anciennes productions viennent cependant de temps à autre mettre un peu de soleil à l’ambiance très hivernale qui se dégage de l’ensemble du concert. Notons le très motorisé Attack of the Ghost Riders, single de 2002, ou encore Love in a Trash Can qui cette fois-ci revient sur la période surf du groupe.
Aly, Walk with Me clôt cette soirée parfaite par un très beau moment de recueillement introspectif
Un rappel très appuyé plus tard, et les Raveonettes reviennent sur scène pour un final tout en douceur, comme quoi ils ne font rien comme les autres. Nous avons alors droit à Forget That You’re Young, sur lequel Sharin lâche enfin sa basse pour se consacrer exclusivement au chant, puis à Aly, Walk with Me, issu de Lust Lust Lust, qui clôt cette soirée parfaite par un très beau moment de recueillement introspectif.
Mais les lumières de la Machine se rallument soudain alors que le groupe est encore sur scène, et répond par des saluts presque gênés aux manifestations de joie qui montent d’une salle chauffée à blanc. Sune, qui a repris son verre, prend la mesure de l’impact produit sur le public par sa prestation de ce soir, et nous, on savoure encore un peu ces derniers instants, avec un petit pincement au cœur en pensant au temps qui nous sépare de la prochaine performance live des Raveonettes dans ce Paris qui les aime tant.
LA SET LIST COMPLÈTE :
RECHARGE & REVOLT
WAR IN HEAVEN
LET ME ON OUT
DEAD SOUND
NOISY SUMMER
LOVE IN A TRASH CAN
LUST
APPARITIONS
EVIL SEEDS
IGNITE
THE LOVE GANG
MY TORNADO
ATTACK OF THE GHOST RIDERS
HEART OF STONE
MY TIME’S UP
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FORGET THAT YOU’RE YOUNG
ALY, WALK WITH ME