Photos Viva and The Diva @ La Java 2011
C’est dans le cadre des soirées Fear & Loathing organisées par Gonzai que la Java accueillait Viva and The Diva, l’un des groupes les plus enthousiasmants de cette nouvelle scène post rock française totalement décomplexée. Un seul EP au compteur, mais des prestations live tonitruantes dans des salles judicieusement choisies et des festivals d’envergure, et voilà Viva and The Diva propulsé tout naturellement en tête d’affiche, aux côtés ce soir de Control et d’Aladdin, pour un moment qui s’annonce déjà unique.
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Les Viva and The Diva ne sont pas là par hasard, bien que ce même hasard ait fortement contribué à leur formation en 2007. Ce concept band cold-kraut, initialement créé par l’expérimenté Maxime Delpierre pour une prestation unique à la Cité de la Musique à l’occasion d’une Carte Blanche donnée à Sonic Youth, a peu à peu trouvé ses marques, et surtout un son qui lui est propre, alchimie réussie des diverses influences musicales des membres du groupe, venus d’horizons diamétralement opposés, mais possédant des bases communes suffisamment solides pour que la sauce puisse prendre.
Bien qu’ils fassent souvent référence à Kraftwerk notamment pour expliquer la ligne directrice de leur projet initial, tourné vers l’expérimentation, leur musique s’est vite orientée vers des compositions savamment écrites, tout en ne cessant de s’enrichir de sonorités plus typiquement post rock ou post punk, mais matinées d’un soupçon de pop second degré venant agréablement alléger l’ensemble. Et avec ça, un casting de rêve ! Autour de Maxime Delpierre à la guitare, nous retrouvons Arnaud Roulin, claviériste de Poni Hoax, Mark Kerr, batteur des Rita Mitsouko, mais encore et surtout la flamboyante Sir Alice, dont la personnalité hors norme suffit à transcender l’énergie qui se dégage du groupe, et donne véritablement corps au projet Viva and The Diva, sur le papier fortement improbable.
Control & Aladdin
Mais Viva and The Diva n’est pas programmé avant 23h15, et, en attendant, c’est un public encore peu nombreux qui prend possession de la Java, dont la salle toute en longueur, au plafond extrêmement bas, conduit tout droit à la scène minuscule sur laquelle se produit actuellement Control. Une electro volontairement froide, industrielle et minimaliste, et le duo parvient en quelques morceaux seulement à imposer une belle atmosphère futuriste, glacée à souhaits, qui semble peu à peu hypnotiser l’auditoire.
Dans un registre toujours aussi sombre mais a contrario beaucoup plus intimiste, c’est maintenant au tour d’Aladdin de marquer de son empreinte la soirée qui avance par un rock tourmenté et classieux, proche des univers des Doors ou de Lou Reed, mais réajustés à la personnalité charismatique autant que ténébreuse de son leader, Nicolas Ker, ancien membre de Poni Hoax lui aussi. Une belle réussite, malgré quelques problèmes techniques qui ne suffiront pas à gâter l’ambiance.
La voix grave et profonde de Sir Alice impose le respect à une salle médusée, comme tenue en joug
La salle est maintenant considérablement remplie, et la perspective du public en enfilade, coincé entre les murs étroits de la Java, est assez impressionnante. Mais il en faudrait beaucoup plus pour intimider les membres de Viva and The Diva, qui se frayent difficilement un passage jusqu’à la scène, alors que le public scande déjà le nom de Sir Alice. Celle qui est devenue par la force des choses la diva du groupe ne se laisse pas démonter par la dangereuse proximité du public, et, par jeu, provoque ses fans en les toisant d’un pénétrant regard inquisiteur, salué par des sifflets pleins d’admiration. C’est déjà du délire, alors que les premiers riffs d’une guitare qui a visiblement envie d’en découdre remplissent en un instant la salle surchauffée.
En quelques secondes seulement, les Viva and The Diva font parler la poudre, et la voix grave et profonde de Sir Alice impose le respect à une salle médusée, comme tenue en joug. A la fin du premier morceau, c’est l’explosion tant attendue. Singeant l’accent Américain, Sir Alice salue alors son auditoire en lançant des « Bonjour Paris ! » conquérants qui ravissent ses fans, et les aspirent immédiatement dans l’univers si particulier de Viva & The Diva, aussi cruel parfois qu’insidieusement parodique.
Certaines nouvelles compositions viennent gonfler la set list
Les titres de leur EP éponyme sont bien vite épuisés, mais certaines nouvelles compositions d’un album attendu avant la fin de l’année viennent heureusement gonfler la set list, vraiment irréprochable ce soir. Du furieusement déraisonnable Pum Up, on se laisse vite entraîner dans le monologue intérieur d’un pénétrant Substitude, sur lequel Sir Alice dévoile une facette beaucoup plus introvertie de sa personnalité aussi riche que complexe. Mimant alors son texte en déformant du bout des doigts ses lèvres soigneusement peintes avec une lenteur quasi extatique, sa performance scénique confine à la grâce pure.
Mais pas le temps de respirer, et l’on se retrouve vite dans l’agressivité sourde d’un Maria Magdalena que les Dead Weather ne pourraient pas renier, avant de glisser à nouveau vers le touchant The Story, sorte d’étrange conte pour enfant qui tournerait mal. Après le rappel, c’est par une danse effrénée d’une dizaine de minutes d’une Sir Alice survoltée, oscillant entre maîtrise totale du corps et convulsions irrépressibles, que se conclue la prestation de ce soir, aussi chaotique, du moins en apparence, que savamment orchestrée.
Au final, un set relativement court, mais d’une intensité et d’une variété qui a su entraîner à sa suite toute une Java qui va avoir du mal à s’en remettre, tant le public de ce soir, encore sous le choc bien après la fin du concert, est passé par toutes les émotions qu’il est possible d’imaginer. Que demander de plus ? Que Viva and The Diva revienne, et vite !
LA SET LIST DANS LE DESORDRE :
SPIDER-WOMAN
ACROSS THE UNIVERSE
SUBSTITUTE
PUMP UP
THE STORY
LYDIA LUNCH
MARIA MAGDALENA
FRANKIE
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KNIVES