Photos We Are The Lilies @ Factory Festival IDF 2010
We Are The Lilies, première ! Vendredi 1er octobre avait lieu à l’Elysée Montmartre la toute première montée sur scène d’un supergroupe réunissant le pluripotent Tahiti Boy, son collectif retro pop Palmtree Family et la légende psychédélique du tropicalisme brésilien, Sergio Dias. Dépaysement garanti.
La légende raconte que tout part d’une fascination. Invité un jour à s’exprimer sur ses disques de référence, David Sztanke, alias Tahiti Boy, choisit de passer une chanson des hérauts du tropicalisme brésilien, Os Mutantes. Depuis, quelques mails échangés, des dialogues rapides, une intuition et une envie de travailler ensemble se sont chargés de créer les ponts. Oui, c’est ainsi que les Lilies sont nés. A cheval entre les Amériques et l’Europe.
Alors que leur premier album éponyme débarque dans nos contrées, leur union sacrée et tant attendue avait convié tout son petit monde à une première représentation dans le cadre du festival Factory pour montrer le résultat de ce cocktail improbable. On se devait d’y être pour juger sur pièces.
En background, on s’imagine les Beatles qu’on aurait relookés en chemise hawaïenne
Pourtant, autant l’annoncer d’entrée de jeu : les conditions n’étaient pas réellement propices. En ce vendredi soir, le gros temps de chien qui nous rince jusqu’à la moelle et l’attente sur le trottoir au milieu des relents de kebabs environnants sont à deux doigts de nous faire prendre la poudre d’escampette. Malgré tout, on s’accroche parce qu’on est curieux. On s’accroche aussi parce qu’on a envie de voir ce que ça donne bien qu’on soit surpris de constater, une fois les portes de l’Elysée Montmartre franchies, que 95% des spectateurs présents sont sur liste d’invités. Ça aurait pu nous décourager, mais non.
Car l’essentiel est ailleurs, à savoir dans le concert. Même devant un public acquis fait et cause pour lui, We Are The Lilies se devait d’assurer, de prouver que la fusion des genres était possible. En somme, montrer son unité, sa légitimité. Alors quand, sur les coups de 21h, la troupe débarque, on écoute, on scrute, on guette. Et on est vite rassuré. Sur le joyeux Cry When You Sleep, la première évidence s’impose : pas de fausse note, la mayonnaise prend sans mal. Comme enveloppé dans un doux cocon de soleil et cocotier, on se laisse directement happer par cette onde psychédélique qui fleure bon les sixties et les embardées hippies.
En background, on s’imagine les Beatles qu’on aurait relookés en chemise hawaïenne, puis la Californie aussi, grâce à une bonne dose de claviers vintages et de guitares surf. Complices comme s’ils étaient de vieux duettistes en fin de carrière, David et Sergio s’accordent à merveille. Quand le petit génie de la pop parisienne assure le show derrière son clavier avec ses allures à mi-chemin entre le geek et Romain Duris, l’autre se déploie de tout son charisme avec sa chaleur vocale et ses notes de guitare ciselées. Oui, trop heureux d’être là, Sergio Dias en habits de grand gourou sonne la grand messe et répand la bonne parole, comme sur le très addictif Over My Head.
Côté Palmtree Family, le saxophoniste, souvent déchaîné, virevolte dans sa veste en peau de serpent ou presque tandis que le percussionniste s’en donne à cœur joie, notamment sur le très rythmé We’re Gonna Live Forever.
« Je sais bien qu’il est tôt, mais on va faire comme s’il était 5h du matin »
Ça fait vraiment plaisir à voir. Rayonnant, We Are the Lilies compense le manque de vécu commun par un groove inimitable. Et pour ce qui est de chauffer l’ambiance, on peut toujours compter sur Tahiti Boy et son savoir-faire. « Je sais bien qu’il est tôt, mais on va faire comme s’il était 5h du matin » annonce-t-il à son public, histoire de raviver la flamme d’un public pourtant déjà conquis. Et c’est sans peine qu’il y parvient.
Meninas charme avec ses guitares surf qui rugissent et ses sonorités funk qui giclent par petites touches. Sur Marie, Jane Birkin qui pose sa voix sur l’album est merveilleusement remplacée par un Sergio Dias au sommet de son art dès qu’il débute la chanson sur une version alternative et décalée de La Marseillaise. Quant à Why? enregistré avec Iggy Pop, l’iguane n’étant pas présent pour prendre part à la fête, c’est Hugh Coltman qui se charge de mettre le feu en parfait maître artificier sur une déflagraton très « never mind the bollocks ».
En résumé, à coups de mélodies entre pop et psychédélisme tropicale, de percées funkisantes, la formation a imprimé ce soir une bonne humeur collégiale avec une facilité déconcertante. Preuve de cette alchimie : le rappel. Alors même que Sergio et Tahiti Boy n’ont plus rien à présenter, ils reviennent quand même pour improviser gentiment un morceau et finir sur une accolade. L’art et la manière de sceller une union pas si contre-nature. Et de conclure la soirée sur un sourire. Ce groupe est définitivement à suivre.
LA SET LIST COMPLÈTE :
CRY WHEN YOU SLEEP
O MAR
OVER MY HEAD
WE’RE GONNA LIVE ROFREVER
INTRO SARAVA
JEAN ET JEANNE
MENINAS
MARIE
OH BAHIA
SING A SIMPLE SONG (SLY STONE)
WHY?
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THE LILIES / A CAPPELLA