Photos Wye Oak @ La Flèche d’Or 2011
Très attendus après une prestation particulièrement remarquée en première partie de Cold War Kids au Bataclan en février dernier, les Wye Oak revenaient à Paris pour participer à la soirée Super Mon Amour organisée à la Flèche d’Or. Une bonne occasion pour eux de venir à nouveau défendre leur très réussi Civilian, sorti cette année, et pour le public parisien de vérifier une fois de plus que les concerts du duo américain sont bien toujours à la hauteur de la bonne réputation qui les précède.
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C’est sous un ciel chargé d’orages à venir et tandis que la chaleur sur Paris se fait de plus en plus étouffante, que débute, à la Flèche d’Or, la soirée Super Mon Amour. Le passage d’Elektrisk Gonner, le dernier des quatre groupes invités ce soir, étant prévu aux alentours de 23h (ils ne se produiront finalement pas avant 23h40), la soirée s’annonce longue, mais sacrément passionnante, tant le plateau réuni ce soir paraît aussi éclectique que complémentaire. Aux côtés des intrépides et insaisissables Elektrisk Gonner qui, déguisés en Rapetou masqués, vont finir par incendier la Flèche d’Or en dernière partie de programme avec leur electro aussi déjantée que ravageuse, on attend les ténébreux Team Ghost, adeptes d’une cold wave à la française, ainsi que les vikings juvéniles et potaches de Kakkmaddafakka, venus pour la première fois montrer au public français la manière dont on sait s’y prendre pour se réchauffer au pays des fjords. Le redoutable privilège de lancer la soirée sur de bons rails revenant aux Wye Oak, rompus à ce genre d’exercice, dont l’indie rock classieux et néanmoins efficace fait souvent des merveilles en live.
Il est 20h30, il fait encore jour, mais les Wye Oak sont déjà sur scène
Mais, pour l’heure, l’ancien hall de gare, entièrement repeint en noir, qui abrite aujourd’hui la scène si atypique de la Flèche d’Or, reste encore à peu près désert. A peine voit-on quelques petits groupes épars confortablement installés dans le petit salon attenant à la salle, devant les baies vitrées suspendues au-dessus des voies désaffectées de la ligne de chemin de fer de l’ex-Petite Ceinture Parisienne, dont les rails encaissés semblent littéralement s’encastrer dans la structure même du bâtiment massif.
Le petit bar de la terrasse extérieure, seulement séparée de la rue par un muret aveugle, fait quant à lui recette. Mais soudain, tous ceux qui profitaient autour d’un verre de la fraîcheur très relative du lieu sont pris de cours, car, malgré l’épaisseur des murs qui les séparent de la salle, ils perçoivent distinctement le son assourdi d’une ligne de basse. Il est 20h30, il fait encore jour, mais les Wye Oak sont déjà sur scène.
Quelque chose de très Lynchéen dans l’esthétique
Une petite bousculade plus tard, et la salle est quasiment remplie, mais le public ne semble pas encore tout à fait prêt. Jenn Wasner, à la guitare, reste imperturbable, peut-être par habitude de jouer devant un parterre qui ne lui est pas exclusivement destiné. Heureusement sa voix, aussi mélancolique que subtilement éraillée, produit un effet immédiat sur ce public bigarré, déjà sous le charme. Tous les regards semblent maintenant converger vers la jeune femme, dont la blondeur immaculée du carré à frange contraste avec le rouge sang de son petit chemisier très années 50. Cela donne à la scène quelque chose de très Lynchéen dans l’esthétique, aux confins de Blue Velvet et de Lost Highway, d’autant que l’atmosphère musicale que le groupe est en train d’instaurer se prête volontiers à la comparaison.
Une seule guitare, mais gutturale et saturée à souhaits, qui entame un dialogue improbable avec la voix délicate et admirablement placée de Jenn, tandis que la batterie pesante d’Andy Stack vient fournir le cadre nécessaire aux envolées lyriques de l’ensemble, et c’est tout un univers de pureté et de violence qui se déverse sur le public, presque incrédule tant il semble pris à la gorge.
Les Wye Oak, en live, puisent à la source même du rock, et vont à l’essentiel
Entre deux morceaux, Jenn, encore un peu timide, cherche constamment le regard d’Andy, dont la présence semble la rassurer, puis, en Français, s’excuse de ne pas maîtriser notre langue. Il n’en fallait pas plus pour attiser la sympathie d’un public qui que demandait qu’à se laisser conquérir. Elle se lance alors à nouveau dans une chevauchée de guitare noisy qui remplit totalement l’espace de la Flèche d’Or, entraînant cette fois à sa suite un public attentif, parce que captivé.
Les applaudissements pleuvent maintenant entre les titres de Civilian que le duo de Baltimore revisite presque entièrement pendant le set, mais d’une façon à la fois plus brutale et plus épurée que sur galette. Car, même si cela semble difficile à croire, pas de musiciens additionnels en live pour nos deux Wye Oak, qui doivent adapter chaque composition à la scène. Obligés par cette configuration réduite de s’investir totalement dans leur jeu, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, et Jenn, comme en transe, reste suspendue à son micro, tandis qu’à la batterie, Andy jubile.
Une guitare, une batterie, une voix. Rien de plus, rien de moins. Les Wye Oak, en live, puisent à la source même du rock, et vont à l’essentiel. C’est pour cela que leur public leur est fidèle, et qu’il grossit un peu plus à chaque nouvelle performance. Reste maintenant à les retrouver sur des scènes, pas forcément plus grandes, mais devant un public venu rien que pour eux.
LA SET LIST COMPLÈTE :
THE ALTER
HOLY HOLY
PLAINS
HOT AS DAY
MY CREATOR
DOG EYES
CIVILIAN
THAT I DO
TAKE IT IN
WE WERE WEALTH
I HOPE YOU DIE
FOR PRAYER